Dans le Pays Basque il existe un col que les cyclistes surnomment l’Enfer Basque. C’est une petite montagne proche d’Espelette avec un centre de télécommunication à son sommet. Ce même centre est visible les jours clairs à plusieurs de dizaines de kilomètres aux alentours. Pourquoi est-elle surnommée l’enfer ?
Le sommet à 980 mètres, ce qui est terrible ce sont les pourcentages pour l’atteindre. Plusieurs kilomètres sont à plus de 15%, il est difficile de pouvoir garder du rythme dans de telle pentes ! La montée autant que la descente sont difficiles. Le Ventoux ou le Tourmalet à coté sont en faux plats montants…
Depuis quelques semaines mon entrainement est focalisé sur les différentes pentes raides du coin et je sens que je m’améliore. C’est sûrement grâce à ces acquis que l’idée m’a pris de me lancer un défi : « Faire le plus de montées possible d’Artzamendi en 24h ». C’est une bon entrainement de dénivelé et d’endurance mentale pour l’ultra distance.
Après avoir lancé le challenge sur les réseaux sociaux et encouragé les cyclistes du coin à venir partager quelques montées avec moi je n’avais plus qu’à me préparer et me lancer !
Vendredi 14 Juin,
Finalement la météo se présente plus que mauvaise, l’après midi est radieuse mais des orages s’annoncent pour la nuit et la pluie devrait démarrer dès 16h. Cela n’empêche pas les copains d’être venus m’accompagner. On s’élance pour cette première montée sous le soleil !
Arrivé au sommet je fais une belle photo du sommet sous le soleil (moment très important) et me lance dans la descente, en milieu de parcours je commence à prendre quelques petites gouttes, il est à peine 15 heure la pluie est en avance. Je passe au camion qui est mon camp de base, change de bidon et repars directement pour la deuxième. Avec moi c’est Clément qui s’y colle pour une deuxième montée. Malheureusement pour nous on ne voit plus le sommet qui est pris dans la brume.
Une fois rentrée dans la brume à environ 3 kilomètres du sommet on y retrouve de la pluie et pas mal de vent, j’ai déjà ma veste de pluie pour rouler… Finalement sur les montées suivantes de l’après midi la météo reste la même, des petites averses sur le bas et une entrée dans le nuage avec de la pluie et du vent sur les 3 derniers km. Je ne peux pas rouler avec mes lunettes, dans les montées je crée de la buée, dans la descentes la visibilité est nulle avec le brouillard, la pluie.
Étonnement les descentes se passent plutôt bien, les pneus en 40 de large me permettent de garder une belle adhérence. En parlant du vélo la transmission en plateau de 42 et cassette de 10/50 avec un dérailleur de VTT qui me permet de garder un minimum de cadence dans la pente et de ne pas trop forcer sur mes jambes pour grimper.
Bref les montées s’enchainent, tout va bien mise à part la pluie qui s’intensifie et me trempe totalement, à chaque descente j’en profite pour me réchauffer, me changer et manger dans mon camp de base, le Vito Groupe Clim.
C’est ma sixième montée, Tom un copain m’attend en bas pour m’accompagner, nous sommes sur la fin de journée. Fringant il m’annonce qu’il vient pour faire au moins 2 montées, avec les conditions au sommet j’en doute un peu mais je ne lui dis rien. Dans la montée on se retrouve avec quelques mètres d’écart, de toute façon on ne peut pas se parler la météo est trop mauvaise. La pluie est vraiment intense maintenant, j’ai même mis ma veste de pluie avec la capuche…
Au milieu de la descente je ressens des sensations étranges dans ma roue avant et surtout dans mon frein avant. Je m’arrête pour voir car la roue freine seule… Mon écrou de disque s’est complètement desserré et est sorti, le disque n’est maintenu que par l’étrier et les cannelures du système center lock. J’essaie de le resserrer et rien à faire. Au bout de 5 minutes d’essai sous la pluie je finis par démonter la roue et enlever le disque. La fin de la descente se fera uniquement avec le frein arrière.
Arrivé en bas comme après chaque descente sous la pluie je prends mon temps dans le Vito pour me réchauffer, me changer et manger. Au menu ce soir c’est Risotto et Banana Bread (en partie) Tom me rejoint quelques minutes plus tard, il ne fera qu’une seule montée ce soir !
Cette fois ci la nuit est bien tombé, je m’élance pour ma première montée seul depuis le début, c’est ma septième. J’ai mes lampes allumées et ma musique dans les oreilles. Ce soir c’est Johnny, la montée se passe bien et je prends encore pas mal de pluie. Dans la descente je me demande pourquoi je suis là… Je suis trempé, j’ai froid et l’eau me pique le visage dans les descentes.
Au camion un nouvel ami provenant de Bordeaux m’a rejoint, il vient faire des montées avec moi. C’est la magie des réseaux sociaux ! On arrive au sommet aux alentours de minuit et par chance la pluie a cessé. Enfin une montée sur le sec ! On enchaine immédiatement sur une deuxième !
Ça y est j’ai passé les 8800 mètres de dénivelé et donc l’Everest ! sur la prochaine montée je serais à 10 000mD+. Encore un nouvel ami nous a rejoint sur le parking, il est 4h30 du matin, il vient lui faire 2 montées ! (en plus il est venue avec du café) On est donc trois à ce moment là à rouler et la météo est toujours relativement bonne.
Nouvelle montée, mon ami de Bordeaux part se reposer pendant qu’Alan un copain de Bayonne est arrivée, il vient faire une montée avant d’embaucher à 9h ! Lui aussi m’a pris du café !
Le jour se lève et la météo se dégrade un petit peu, on roule toujours bien et les pauses au camion sont assez longues, il faut bien déjeuner et raconter quelques blagues.
Mes compagnons de nuit partent au boulot maintenant et j’ai la relève qui vient d’arriver, Michel, Caro et Emilie, pour encore un petit déjeuné. Je dois gérer cependant mes pauses car il me reste 6 heures et un aller retour plus la pause me coute 2 heures. Je sais donc que si je ne traine pas trop je finirai à 14 montées.
12 eme montées, 13 eme, ça y est je suis dans la dernière ! Un équipe de jeune entre 16 et 20 ans sont là pour m’accompagner, je peine un peu derrière mais je continue, c’est la dernière et la vision de l’arrivée me fait plaisir !
On arrive au sommet et le soleil est même revenu pour l’occasion ! On profite pour célébrer la fin du défi une première fois au sommet ! C’était pas si long en fait. Une fois en bas tout le monde est là, on peut célébrer une deuxième fois tous ensemble et je me dis que c’est fini en mangeant du pâté et du saucisson !
C’était une belle partie de manivelle, un bel entraînement et un beau challenge ! J’ai eu 24h pour y réfléchir, les cyclistes Basques ont raison : Artzamendi c’est l’enfer ! Mais c’est ce qu’on aime…
Un énorme merci à toutes les personnes qui m’ont accompagnées ! Un grand merci aussi à Antoine, Yoan et Lionel des médias qui préparent une très belle surprise !!! Adrien Ballanger et Yoan Imbert pour les photos.
Sans oublier mes partenaires, Canyon, Hutchinson, Neo Wheels, Groupe Clim, Miss Grape, Spad channel, SUPERVELO, Glaces Romanes, Ttilika et bien sûr GCN en Français
13 Avril 2024 Nous y voici, ma première course d’ultra distance de l’année et pour la troisième fois je participe à la Désertus Bikus.
Cette année cette course d’ultra nous amène de Hasparren dans le pays Basque à travers l’Espagne avec pas moins de 7 checkpoints à valider sur le parcours libre pour finir au Portugal dans la ville de Sétubal.
Depuis le mois de Janvier j’ai repris ma préparation « ultradistance » avec beaucoup de longues sorties pour banaliser les longueurs et rendre ces efforts faciles afin de pouvoir pousser plus fort lors des courses. Après un mois de janvier débuté malade j’ai quand même réussi à faire mes entrainements. Dans cette lancée, j’ai continué sur Février mais j’ai subi une chute ralentissant ma préparation. N’aillant que les week-ends pour m’entrainer, chaque semaine était précieuse. J’ai tout de même réussi à faire un bon mois et j’ai enchainé sur le mois de Mars malgré une météo assez mauvaise. J’ai une nouvelle fois subi une chute qui m’a ralentit dans ma préparation. Fin Mars j’ai réussi à pousser un peu plus en finissant sur un très bon weekend de Pâques avec 600 km fait en 3 jours avec même une cyclosportive au milieu (la Beuchigue)
Laissez moi maintenant, vous faire la présentation de la course. Pas de parcours, juste un passage a des checkpoint imposés. Nous avons eu les coordonnées GPS de ces checkpoints trois mois à l’avance et comme chaque année mon but est de faire la trace la plus efficace possible. Le but dans ma situation est de minimiser le dénivelé, trouver de bonnes opportunités gravel et avoir le moins de km possible bien sûr! Bien aidé par Clément Bancons, nous avons réussi à faire une belle trace de 1377 km pour 10500 D+. Le départ de la course était proche de la maison et les dernières semaines avant le départ m’ont également permis d’aller tester différents itinéraires, en particulier le passage de la frontière et le parcours dans le Désert de Bardenas.
Passons au vélo maintenant et au setup complet. Ayant avec GCN plusieurs Canyon j’ai assez rapidement choisie l’Aeroad, les longues lignes droites espagnoles et la vitesse nécessaire pour jouer devant me faisant choisir la vitesse plutôt que le confort. Au vélo d’origine j’ai du échanger les plateaux pour des Rotor QRings Ovale, monter une paires de roues Néo Wheels en 55mm (bien plus légère que les Dt Swiss). J’ai monté une selle italia Novus (découverte juste avant la course) et enfin j’ai réussi avec l’aide de AEROPLUG à monter mes prolongateurs sur le cintre combo Canyon. Pour les sacoches je fais confiance à Miss Grape pour ma troisième année.
Question pneu le choix était primordial et bien aidé par Hutchinson j’ai monté des Challenger en 32 mm conçu pour résister à toutes les situations.
La course :
Après une bonne semaine de repos et une belle après midi à dormir je suis prêt pour le départ, prévu pour minuit.
A mon arrivée sur place je mesure la popularité grandissante de la course, nous sommes près de 300 participants cette année, l’ambiance est comparable aux autres années: conviviale et anxieuse face au défi qui nous attend. On se retrouve avec l’équipe Fastclub, on rigole pas mal tous ensemble, on est tous prêts avec chacun nos objectifs et nos parcours. Le couteau entre les dents on part pour la course ! Des les premiers mètres pas mal de participants roulent assez vite. Je suis de la partie avec Clément, à nos cotés le grand Justinas Leivaka qui fait office d’épouvantail sur la course.
A chaque croisement les groupes se divisent, les possibilité sont multiples pour basculer en Espagne, on se retrouve à seulement 5 ou 6 en direction de St jean Pied de port, personne ne prend de gros relai dans le groupe, de mon coté je gère mon rythme pour assurer la distance, Clément se sacrifie et prend des énormes relai et maintient un gros rythme, je sais qu’il le fait pour m’aider. On arrive à Saint-Etienne de Baigorry, je tourne et file vers Banca, Urepel et le col de Urkiagua. Je croise un groupe et accélère pour m’isoler, je ne souhaite pas subir le rythme d’autres coureurs. Je vois une lumière pas loin derrière qui reste à quelques mètres, je l’interpelle avec un « t’es qui toi? » et on commence à discuter. C’est Loris Pasquier, une des prétendants à la victoire qui a décidé de me suivre plutôt que de suivre son propre parcours… Cela fait parti des choses que j’aime moins dans la course avec le drafting autorisé mais on discute bien c’est sympa, on roule même très bien ensemble. Il me lâche un « moi les lignes droites c’est pas mon truc… » (il est donc foutu).
On fait une traversé de Pampelune sans circulation avec des conditions météo parfaites et on enchaine les kilomètres d’une facilité déconcertante. On arrive déjà à l’entrée du Désert de Bardenas, à voir la vitesse à laquelle on roule je me dis que possiblement on va arriver en tête au CP1, je garde donc le rythme sur ces 30 kilomètres de gravel. Des pistes que je connais bien car je les ai repéré quelques semaine avant justement. Ça roule tellement bien que je peux presque rouler sur les prolongateurs. Une fois le passage de la petite rivière franchis ou je montre à Loris où passer sans souci je prends un rythme un peu plus conséquent et crée un petit écart, je fonce en direction du CP. Je ne vois aucun phare à l’horizon, je serai peut être premier au cp.
J’arrive au cp1 et découvre que Mathieu est déjà la, il vient d’arriver quelques minutes juste avant, je fais demi tour rapidement et repars avec lui, on est encore sur un gros rythme et on se dit qu’on va rouler ensemble pour creuser l’écart sur les autres copains. Pour la sorti du Désert nous avons chacun notre trace, on se sépare avec un magnifique levé de soleil (au passage j’ai plus d’une heure d’avance sur mes estimation)
Le jour se lève et les kilomètres défilent, très vite il commence à faire très chaud, je n’ai pas encore enlevé toutes mes affaires, il faut dire que je roule sur un bon rythme et je ne m’arrête pas pour le garder et creuser des écarts.
KM316, premier stop, coup de chaud, je m’arrête sous un arbre à l’ombre, me déshabille mange un wrap que Emilie m’avait préparé et me refroidi plus globalement. Je reprends la route en meilleur état que je ne l’ai quitté. Assez rapidement je profite de la traversée de quelques villes pour prendre des glaces, des eaux gazeuses et coca cola dans les bars que je croise.
A l’approche du CP2 je suis toujours en deuxième place, derrière moi ça remonte fort, Florent Dumas, Florian Moreau, Loris Pasquier et Justinas Levaika. J’enchaine, me ravitaille et roule kilomètres après kilomètres, les chiffres sont dingues et les lignes droites interminables.
Il est 22h, je viens de passer au CP3 et j’en suis à 550 km depuis le départ. J’arrive sur la ville de Buendía, première surprise, j’y suis déjà passé l’an dernier et je m’en rappelle bien car je m’y étais arrêté pour manger, je connais donc déjà l’emplacement du restaurent et leur carte. J’y rentre et commande le même sandwich que l’an dernier, je montre même au serveur une photo de lui de l’an dernier. Un cycliste me rejoint à ce moment la, c’est Florian Moreau, il parait être neuf alors que je suis détruit la tête dans mon assiette. Je mange difficilement mon sandwich et ma tortilla et par en quête d’un abris pour dormir.
Je visite la ville mais rien de fameux pour dormir, je reprends la route et téléphone à Emilie au même moment, il doit être environ minuit à ce moment la. Elle regarde sur Google les prochaines villes en quête d’un abris quatre étoiles pour que je puisse dormir. Je rentre après une vingtaine de kilomètres dans un village ou des arches sont devant la mairie mais je ne les sélectionne pas car le lieu est beaucoup trop éclairé. Je fais le tour du village et pousse la vieille grille du parvis de l’Eglise. Son porche avec ses marches d’escalier me semblent accueillant. À l’abris des lumières et du vent je m’installe dans ma couverture de survie pour dormir. Je mets le compte à rebours pour une heure et m’endors immédiatement. Le réveil sonne, je relance pour une heure supplémentaire.
Je me réveille, reposé, même étonnement frais, je prends un gel au café pour simuler un petit déjeuner et repars dans la nuit. Pour passer la nuit restante je me lance dans l’écoute de podcasts d' »Affaire Sensible » de France Inter, le thème : Les drames en montagne. (NB : Patrick DROUEL, j’espère ne jamais être dans un épisode). Je croise à ce moment Florian, qui est gelé après avoir passé une nuit horrible. Quelques km plus tard nos deux routes se séparent et je me relance dans mes épisodes tout en roulant sur un bon rythme.
Le jour se lève petit à petit et je remonte sur Florent Dumas et Mathieu Kalia, Florent fait des erreurs de parcours, Mathieu le passe, de mon coté j’ai du gravel agressif pour reprendre des kilomètres et du temps. Tout se passe très bien, je vois sur Instagram que Florent est passé de nuit au cp Barrancas, j’en profite pour lui envoyer une photo de l’endroit en plein jour.
Je finis par retrouver Florent dans une station service et on en profite pour blaguer quelques minutes, je lui paie une bouteille d’eau, il me passe une banane (avec le mot : tu la mangeras cette nuit quand tu seras fatigué… Il n’a pas le temps de finir sa phrase que j’ai déjà fini la banane verte, cela faisait des heures que je voulais manger un fruit !) On repart en direction du CP5 et du CP6.
Après la descente de Sancti-Spíritus, on découvre un endroit incroyable, on ralentit, discute et prenons des photos. Une fois les paysage passés on recommence à monter, Florent me lance un « aller va le chercher » et je m’exécute immédiatement, je sais que Mathieu n’est pas loin. À ce moment là il y a de belles portions gravel ou je me régale de vitesse, ça dérape mais ça passe sans problème, c’est plaisant aussi de faire des dérapages.
Sortie du CP6 je croise l’équipe de la course, échange deux blagues avec Victor qui filme et continue sur mon rythme. J’arrive sur un détail sur mon compteur, une pointe qui me montre un chemin que je n’avais pas réussi à tracé. C’est un chemin piéton, il a l’air propre, je m’engage dedans, ça me permettra peut être de passer en tête. Je finis par pousser mon vélo dans la bonne humeur, je sais que je gagne des km. Arrivé au sommet je vois la route en contre bas, je n’avais pas prévu ce « talus » d’autoroute à descendre… Bon un peu d’escalade n’a jamais fait de mal. Après une descente un peu sport je me retrouve sur la route et fier de mon raccourci je continue à pédaler.
Quelques kilomètres plus loin, je tourne sur la droite pour récupérer une route secondaire qu’avec Clément nous avions sélectionné. Le bitume est vraiment abimé, je zigzag entre les trous sur plusieurs kilomètres avant de retrouver une nationale. Le jours se couche, je viens de passer la barre des 1000 kilomètres, c’est la dernière ligne droite, la dernière nuit.
Mon parcours n’est pas si mauvais finalement, après cette route abimée je fais de la nationale et j’enchaine sur de la piste gravel le long de l’autoroute qui roule très bien, aucun souci de ce coté là. Question paysage je ne me pose pas de question, il fait nuit noire. Sur ces petites routes de Gravel je vois arriver derrière moi une voiture de police, Les policiers me font signe et je m’arrête, (je vois l’amende pour les écouteurs arriver à grand pas) je leur dis « Es una compéticion » et il me réponde ok ok aller vas y !
J’arrive maintenant dans Mérida, il me faut absolu trouver à manger pour passer la nuit, ça tombe bien je trouve un McDonald, ni une ni deux je commande 2 cheeseburger et 9 nuggets avec un jus d’orange. Je remplis mon camel back dans les toilettes, mange les deux cheeses et reprends la route. Mathieu m’a dépassé alors que je mangeais mon cheeseburger (retour de karma d’avoir choisi la malbouffe, mais j’ai su après coup qu’il avait fait de même), nous sommes à moins de 5 kilomètres d’écart.
Une fois mes nuggets terminés je me lance dans un contre la montre pour le dépasser et ainsi atteindre son moral. Impossible, pendant plus de deux heures je roule à fond sans le rattraper, lui fait de même devant… Le chrono est tellement intense que j’en ai mal aux tibias (j’ai même enlevé mon kway pour être plus Aero) On traverse la frontière et la route se dresse pour une montée interminable, d’un coup je me sens complètement épuisé, j’ai trop pousser sur le clm…
Le coup de pédale est lourd, comme ma tête, je ne vais pas passer en tête cette nuit… Je suis en recherche d’un endroit pour dormir mais rien n’est idéal, c’est une longue route avec des platanes sur le coté. Je roule et trouve une un portail d’entrée de domaine avec un palmier sur le coté. Je suis à l’abris du vent et grande surprise, des branches de palmier sont au sol. Étonnement je suis dans un spot incroyable. Je m’installe toujours dans ma couverture de survie pour dormir 30 min + 15 min.
Je reprends la route, correctement dans le brouillard mais avec l’objectif d’arriver à Evora pour le petit déjeuner. Je m’y étais déjà arrêté lors du Bikingman Portugal l’an dernier. Après un petit déjeuner au ralentit mais indispensable je reprends ma chasse. Je suis en embuscade et j’attends un faux pas de Mathieu. Il reste 200 km environ.
J’enchaine les kilomètres sur un rythme normal, sans faire de pause, c’est la dernière ligne droite et la chaleur est accablante. J’arrive au dernier CP, j’avance jusqu’à la falaise. Fait quelques photos. Emilie me téléphone à ce moment la… En furie, elle me pousse pour que je prenne le même Ferry que Mathieu, on a seulement 50 minutes d’écart pour les derniers 40 km.
Je reprends la route sur le rythme maximum que je puisse rouler, c’est à dire aux alentours des 28 / 30 km/h, avec le vent de face ce n’est pas évident bien sur.
J’arrive enfin au ferry, il est 13h30, Mathieu à pris celui de 13h, je suis heureux et un fatigué deuxième. Je n’ai plus de batterie sur mon téléphone, juste je profite de cette traversé de 20 minutes.
Je débarque et rejoins l’arrivée, heureux de la performance, légèrement frustré d’une victoire si proche mais je savoure. J’ai roulé à 22km/h pauses comprises, ce qui correspond exactement à mes prévisions. C’était une sacré parti de manivelle !!!!! Merci Mathieu pour cette bataille !
Dans les prochains mois il me restera à décider si je reviens pour une quatrième fois, en attendant je compte profiter du Portugal quelques jours avant de repartir pour la prochaine course le 1er Mai à Gérone (560 km de gravel)
Merci à vous tous pour vos encouragements, vous êtes ceux pour qui je roule et me dépasse.
Merci également aux nombreuses personne qui me soutiennent : Le Groupe Clim, Hutchinson, Miss Grape, Néo wheels, Supervelo, Fastclub, les Glaces Romanes.
Dans quelques jours sortira la vidéo embarquée de la course sur la chaine YouTube GCN en Francais et je vous y ai mis pas mal d’anecdotes et surprises !
Julien Roissard notre expert Ultradistance qui à deja une tres belle liste de course fini avec souvent de tres bon résultat (y compris la TCR en juillet 2023). Aujourd’hui il nous rapporte son aventure sur une nouvelle course mythique l’Atlas Mountain Race Une course organisé par Nelson Trees, une personne légendaire de l’ultra distance.
Depuis que cette course existe elle m’attire. C’est un dépaysement garantie sans aller trop loin. Chaque fois c’est un regret quand sur Dotwatcher.cc en février. Mais ce n’est pas facile de se décider au mois de novembre plus une période de pause du vélo. C’est donc poussé par le suivi des amis du Fastclub sur la Bikingman X et après analyse du réseau de transport France/Espagne/Maroc que je décide de m’inscrire ! Car oui j’étais aussi un peu retenu par le transport en avion.
Avant course – Déjà une aventure
C’est en train que je pars de Chambéry. Première étape à Barcelone. A eux seul les 300m pour rejoindre mon hôtel me font rendre compte que chaque mètre avec le vélo sur les épaules va faire mal … Le lendemain matin je me lance dans une petite balade récompensée par un chocolat chaud d’exception.
Puis c’est le départ pour Madrid où je note qu’avec la compagnie Renfe le vélo à de la place. Ensuite cap sur Algésiras. La traversée de la région de Cordoba me donne des fourmis dans les jambes, l’envie de parcourir ces routes à vélo est là ! La fin du trajet s’avère longue, avec une descente dans des gorges où l’on ressent le train sur la retenu. Et ce n’est pas fini, je décide de filer à Tarifa à 20km en taxi pour être sur place le lendemain. Arrivé à Tarifa, ville de départ du ferry, tard dans la soirée, je trouve un petit restaurant charmant pour dîner. Le réveil est rude le lendemain à 6 heures. Le vélo qui cogne ont créées des douleurs aux épaules et aux cuisses avec de jolis bleus en souvenir.
Une fois débarqué à Tanger direction la gare en taxi malgré seulement 3km. Au moment de l’enregistrement, un membre du personnel de l’ONCF s’inquiète de la taille de mon bagage, mais son supérieur ne voit aucun problème. Heureusement car le wagon était quasi-vide donc suffisamment grand pour accueillir plusieurs vélos. Changement à Casablanca pour un train de type TER. L’espace se fait plus restreint mais ça va.
48h avant le départ l’arrivée à Marrakech avec sa superbe gare me font un grand bien, encore plus de pédaler pour me rendre à l’hôtel. Arrivé je croise Thomas Boury, alias Toto Supertramp, qui me prodigue des conseils sur le quartier. Plus tard nous échangerons plus précisément sur la course à venir. Le jour du départ, alors que je savoure un bon couscous au restaurant repéré la veille, un message vient chambouler mes plans : décalage du départ de 24 heures ! Les autorités refusent un feu vert pour cause de pluie forte et donc de crue. Le lendemain l’attente se prolonge jusqu’à 16 heures sans nouvelles. Je profite de ce temps pour renvoyer mes affaires de pluie et froid en France. Finalement à 18 heures un départ non officiel est annoncé, sans escorte policière, avec des itinéraires alternatifs jusqu’au CP1. Enfin en route, l’aventure peut réellement commencer !
Km0 – Marrakech – Lets go !
En mode « autobus » ça roule à toute allure ! Pendant 40 kilomètres avant la première piste accidentée et du relief. À un moment donné, je prends une bifurcation à droite pour suivre l’itinéraire, et là, je me retrouve face à tout un peloton. Perdu, je fais demi-tour pour les suivre. On échange quelques mots, mais personne ne semble vraiment comprendre la situation. Puis, un message arrive : la route est fermée et la police nous impose un gros détour par une route principale. Le peloton remet du temps à s’étirer, mais ce seront les derniers kilomètres ainsi. Maintenant, la vraie course démarre en autonomie. Le col semble interminable avec ces 70km. Sur ma route, je recroise Steven Le Hyaric, accompagné d’Adrien Liechti, que je n’avais pas vu depuis 2021 lors de la TwoVolcano. Je retiens bien un conseil de sa part : prévoir 24h d’autonomie à chaque arrêt. Une fois passé le col, un vent de folie me frappe de face ou de côté. Je frôle la chute lors d’une rafale latérale. Arrivé au CP1 à Telouet, je fais un arrêt ravitaillement minimum. Il ne fait pas chaud et ce vent persistant est usant.
CP1 – Telouet – Express !
Quelques kilomètres plus loin le vent se calme et c’est la fin du bitume. Le reste de la nuit se déroule sur des chemins rocailleux où il faut rester vigilant pour éviter les crevaisons ou les chutes. Un terrain vallonné nous accompagne jusqu’au magnifique lever du soleil. Ensuite, la plaine s’étend devant moi avec de grande ligne droite jusqu’à un point de ravitaillement crucial à Imassine pour la journée à venir avec une dizaine d’heures sans rien.
Une omelette, de l’eau, un peu de nourriture, une toilette rapide, un contrôle du vélo, et me voilà reparti. Une traversée de gué arrive rapidement, ce sera pieds nues avec un séchage ensuite pour éviter les problèmes liés à l’humidité. Ensuite, je fais face à un passage difficile, technique, raide et sous une chaleur accablante. Aucune végétation, pas d’eau, pas de vie. Les odeurs corporelles s’intensifient avec la chaleur du sol, et l’absence d’air devient étouffante. Je commence à douter de ma présence ici, mais ma patience me pousse à avancer, avec un regain de forme par rapport à d’autres concurrents dans cette rude montée. La suite semble interminable, avec une série de petits cols à franchir. Mais le paysage est là et le coucher de soleil vient gratifier le tous ! Je m’efforce de ne pas arriver trop tard au prochain village, Afra, où je retrouve d’autres participants.
Certains négocient une pièce pour dormir, mais je préfère une toilette rapide avant de continuer pour un endroit plus tranquille pour la nuit. Après quelques kilomètres, je trouve un spot idéal sous des petits arbres avec une bonne couche de sable. Je m’accorde trois heures de sommeil avant de repartir à minuit. Les premières heures sont éprouvantes, avec des fonds de gorges sablonneux ou rocailleux, mais une fois sur la route et après avoir franchi un col, je suis récompensé par un petit café ouvert à 5 heures du matin à Ait Saoun (ça c’est Fastclub) avec une personne très accueillante. C’est mon premier café depuis le début de la course, un moment de réconfort bienvenu avant de continuer.
Une de mes portions préférées m’attend ensuite, avec une piste vallonnée, roulante et le lever du soleil qui illumine le paysage. Des espaces agricoles apportent un peu de verdure et de bonnes odeurs d’arbres en fleurs. Le retour sur le bitume soulage et je fais un arrêt dans Tazenakht pour me ravitailler.
Au Maroc, les options salées rapides sont rares et je me retrouve avec du pain et de la vache qui rit comme seule option. Le trajet dans mon système digestif fut très rapide…une erreur que je ne répéterai pas. Alors que je traverse un village plus loin, un bruit fort et sec retentit et je sens une chaleur sur mon mollet droit : un tir de lance-pierre vient de frapper mon cadre ! Je ne perds pas de temps et continue ma route un peu déçu. Arrivé au CP2 à Asserraragh à 17 heures, je sais que la suite du périple risque d’être difficile sans ravitaillement, alors je savoure un tajine de bœuf avant de repartir.
CP2 – Asserraragh – Le plus beau !
Encore une fois, un spectacle incroyable se déroule alors que j’entame une descente dans une gorge bordée de falaises abruptes. Après un moment sur la route, je retrouve un chemin technique avec un magnifique coucher de soleil. Je partage ce moment avec Adrien, qui fait son premier ultra, et je ne peux que lui témoigner mon respect. Nous arrivons ensuite dans un village où je m’attendais à trouver de l’eau, mais malheureusement, ce n’est pas le cas. Il va falloir gérer avec ce qui me reste. Les 30 kilomètres suivant sont un faux plats montants sur du bitume, une sensation d’être collé au sol qui m’épuise. Je dois me forcer et commence à surveiller attentivement le bas-côté de la route. Dès que je repère un gué avec du sable, je m’arrête pour 3 heures de sommeil bien méritées.
La reprise sur ce faux plat infini est difficile puis le terrain devient ensuite technique et raide. Je commence à avoir du mal à rester assis sur la selle quand ça secoue. La descente qui suit est tout aussi éprouvante, avec des cailloux ronds comme dans un ruisseau à sec. Tout en danseuse je m’épuise à descendre. Arrivé en bas, je vois le bitume comme le sommet d’un grand col, mais la joie est de courte durée. Un village est là, mais rien n’est ouvert. J’hésite à faire une pause pour attendre une ouverture mais l’envie de continuer est trop forte. La suite est une montée difficile, où je ne peux toujours pas m’asseoir sur la selle. Je tire sur les genoux en danseuse, me questionnant sur ma capacité à continuer. Mais comme par miracle le terrain s’adoucit, je peux enfin me rasseoir, et le moral remonte. Le lever de soleil dans la montée de la route coloniale est un moment magique, récompensant tous les efforts précédents.
Après avoir traversé des éboulements de chemin à pied et poussé le vélo, j’atteins enfin le sommet. Je centralise tout ce qui me reste en eau dans un seul bidon pour bien voir ce qui me reste. La descente n’apporte aucun répit. Le chemin est abîmé puis arrive une plaine avec des bosses. C’est dans le dur que je rejoins la route et la ville d’Issafen : un véritable soulagement 18h après le CP2.
Après une bonne pause pour reprendre des forces avec une belle omelette je repars. Mais c’est midi et la chaleur devient insupportable. Heureusement, nous nous enfonçons dans une gorge parsemée de villages verdoyants qui apportent un peu de fraîcheur. La montée finale est difficile, mais je peux enfin m’asseoir, et l’air redevient frais. Sans un vent désagréable la suite aurait été parfaite avec une belle piste sur un immense plateau. Mais ça va, en plus arrive le coucher du soleil. Après une courte pause à Afella Ighir pour une bouteille d’eau et un paquet de chips, je file déterminé pour passer rapidement un col et redescendre à Tafraout le CP3. Arrivé je profite des installations disponibles : nourriture, douche gratuite et possibilité de dormir. Après une journée aussi éprouvante, je décide de manger et de prendre une douche en attendant le service. Finalement, je me dis qu’il serait sage de passer la nuit ici et de bien récupérer avec 4 heures de sommeil. La journée a été rude et je sais que la fin ne sera pas le lendemain !
CP3 – Tafraout – le luxe !
Au réveil à 3 heures, un café et trois Snickers pour la route, c’est tout ce qu’il y avait. Ça repart tranquillement sur de la route, mais ça regrimpe vite avec des petits cols. Ensuite, nous empruntons une piste plutôt roulante pour atteindre des villages perchés juste incroyables. J’arrive au sommet avec le soleil levant et profite pleinement de la descente. Il faut être prudent car, une fois de plus, certaines portions sont très dégradées. En bas, je m’attendais à trouver un village avec un magasin, mais rien. Il va falloir affronter un chemin technique et raide sous le soleil qui va chauffer aujourd’hui. Nous avons quitté le plateau de l’anti Atlas et redescendu au niveau de la mer. Pendant l’approche, je rencontre plusieurs difficultés : mon vélo s’enfonce dans une terre molle, en descendant du vélo pour enlever la boue je me blesse à la jambe sur un petit cactus, et plus loin je ne declipse pas et tombe lourdement sur ma main droite dans un tas de cailloux. Mais malgré ces galères en 200m, je commence l’ascension difficile avec détermination. La chute semble avoir libéré de l’adrénaline en moi, transformant le désespoir en puissance. J’atteins finalement Sidi Abdallah où je retrouve Adrien, Florian, Andrew, Victor et Camille. Je serai le dernier à mettre les voiles car le gérant un peu perdu a oublié mon omelette…je préfère attendre et repartir bien !
Après c’est une série de pistes roulantes cassé par creux « descente/monté » de petits canyons. J’arrive dans un village où je prévoyais de faire le plein d’eau avant d’affronter une ligne droite difficile. Mais je ne vois pas grand-chose si ce n’est plein d’enfants qui courent autour de moi. À peine sorti du village, je me retrouve dans du sable qui rend la progression difficile. Je me dis que c’est une petite portion mais je réalise vite que je m’engage dans la fameuse partie de sable dont tout le monde parle. Les premiers plantages du vélo ne tardent pas à arriver, et je lutte pour avancer sous 40°C. Je suis abasourdi de voir un autre coureur passer comme si c’était une route. Je persévère, tentant de régler la pression du pneu arrière pour améliorer la situation. Après presque 2h pour 17km j’arrive au bout de ce calvaire. Il y’a un grand rond-point avec des grosses routes et donc des voitures « café » pour me requinquer rapidement. Je veux tracer jusqu’au prochain village où je me restaure et prend de quoi retrouver mes esprits.
L’objectif est un dernier gros village Amskroud avant la nuit où s’annonce une portion difficile de 93 kilomètres 3000m. J’attaque cette section en soirée, mais je sens rapidement que mon corps a besoin de repos. Je me bats pour passer un premier gros col et approcher au mieux le suivant. Mais arrive une montée dure à rouler où je dois tirer en danseuse. J’accélère l’urgence de trouver un spot. Un petit plat sur le côté : parfait vu le contexte. Une boîte de sardine avec du pain, un peu de toilette (malheureusement Cicalfate oublié au CP3) et je m’accorde une heure de sommeil bien méritée. Mais avant de repartir je sens que ça ne va pas le faire avec la selle et utilise un dernier joker : un pansement Urgostart sur chaque appui ! ça m’a sauvé (Merci Maxime).
Je rejoins le pied du gros morceau : la montée du « Stelvio » du Maroc dans la vallée du Paradis. Et là un grand merci à Yasinne d’avoir ouvert son café la nuit pour les coureurs de l’AMR au pied de cette montagne. Après un petit déjeuner rapide, je repars refais et avec des cacahuètes locales ! 2h30 plus tard la descente qui suit est longue, mais je prends mon temps pour rester concentré. Ensuite, il y a encore des collines à franchir avant d’atteindre la ville côtière d’Imsouane. Je fais une pause suffisante dans une boulangerie-pâtisserie avec pour objectif 6h non-stop jusqu’à la fin. Je me plante un peu en choisissant deux Msemen qui étaient d’une densité folle, j’ai eu du mal à en manger un avant de repartir et l’autre je l’ai terminé deux jours plus tard à l’aéroport…
Sinon la suite est progressive avec une partie de route pour digérer avant de dériver sur des chemins que je ne pouvais faire qu’en danseuse. Tout ça avec l’océan pas loin qui rappelle que la fin approche ! Les dix derniers kilomètres sont sur route, alors j’appuie sur les pédales jusqu’à apercevoir enfin l’arrivée dans Essaouira avec un panneau de l’Atlas Mountain Race ! 5 jours pile après le départ l’accueil est calme avec Nelson, qui discute avec Thomas sur le départ, et des personnes du staff. Intérieurement je suis heureux mais je le manifeste peu avec la forte envie de partir prendre une douche, de manger et de me coucher !
Après course :
Sûrement ma course la plus dur en termes de gestion d’alimentation et d’état du terrain : résultat c’est très difficile d’estimer un temps avant chaque ravitaillement et la relation avec ma selle a été compliquée ! Mais en échange avec des températures au-dessus des normales de saison ça été facile de gérer le sommeil. Tous ont été efficaces malgré le fait de ne pas avoir pris de matelas. Le sol restait chaud la nuit et c’était facile de trouver un terrain meuble en sable. Donc au final je n’ai improvisé aucune sieste à cause de fatigue prononcé.
Encore une super aventure riche en expérience, la plus dépaysante qui pousse un peu plus en dehors de nos « conforts » ! Je retournerai sûrement au Maroc mais ce sera hors course pour profiter à 100%.
Pour finir je n’ai malheureusement pas pu concrétiser mon objectif de ne pas utiliser l’avion. Entre le décalage du départ de 24h, le mail d’annulation de mon train Barcelone-Chambéry pour grève et la fatigue qui rend tout plus compliqué. Dès le lendemain ça a déjà été une mission de remettre le vélo dans ça housse. Et ensuite un enchainement de taxi, bus, taxi, magasin de vélo, taxi pour rejoindre un hôtel à Marrakech avec le vélo prêt dans un carton !
Pour finir un grand merci à tous pour vos messages ! Encore plus pour cette course où j’ai ressenti la plus grande amplitude entre les hauts et les bas !
Merci à toi Juju d’être partie en éclaireur pour les prochains membres de l’équipe Fastclub qui partira sur cette magnifique course. Merci à toi de nous la partager et de nous faire revivre de l’intérieur ta course.
La saison des courses d’ultra distance va bientôt démarrer, l’année devrait être complètement folle.
Sans vraiment lâcher cet hiver j’ai repris l’entraînement sur les longues distances, tout ce passe à merveille. Je teste actuellement mon matériel, mon alimentation.
Les nombreux challenges et différentes vidéos avec GCN me permettent de même améliorer mon moteur, c’est une façon encore différente de m’entraîner par rapport aux années précédentes. J’ai hâte de mettre tout ça en route et enchaîner les kilomètres avec l’excitation de la course. J’ai hâte également de vous partager les courses de l’intérieur et de sentir vos encouragements qui me poussent à me dépasser.
Cette année le programme est simple et efficace, peu de courses mais chacune ont été sélectionnées pour leurs parcours et palmarès. Mon orientation se tourne vers les épreuves gravel en cherchant des parcours plus cassants et l’autonomie la plus complète.
Les courses seront globalement moins importantes en kilométrage mais plus dure physiquement, les challenges sont beaux.
Ça ne m’empêchera pas de manger de belles glaces en station service pendant les courses ! Le plaisir ça ne se négocie pas !! J’ai hâte !
Ps : les temps off entre les courses me serviront à saisir des opportunités d’aventure, je pense pourquoi pas aux amis du @bikingman_ultra
Toutes ses courses et challenges ne serait pas possible sans mes partenaires, je les remercie de leurs soutient encore une fois
Pour bien commencer l’année, on vous propose un weekend sympathique qui concilie deux choses à la mode, le Gravel et le clip de Johnny Hallyday et Eddy Mitchell « On veut des légendes ».
Donc, pour vous les aventuriers, on propose un weekend complet :
Arrivée le Vendredi soir dans la région Landaise ou Basque
Samedi matin tôt, convoi de voiture jusqu’au nord du Désert de Bardenas (2h30 de voiture)
Samedi, reste de la journée : sortie Gravel (non engagée) d’environ 80 km avec casse-croute en plein milieu du désert.
Samedi soir : Hôtel et restaurant dans la ville de Tudela (ce qui veut dire que vous devez avoir vos affaires avec vous). Du Bikepacking de luxe, car on ne dort pas dehors.
Dimanche matin, après un café espagnol dégueulasse : nouvelle sortie de 80 km pour rejoindre les voitures
Dimanche après-midi : sûrement un grand repas convivial espagnol à base de txuleta (côte de bœuf)
Afin de pouvoir profiter de ce weekend tous ensemble et que tout le monde soit heureux de rouler, on va limiter les places à 20 personnes.
Question budget, ne vous inquiétez pas, il sera contenu et l’association Fastclub prendra une bonne partie à sa charge.
Pour vous inscrire, cliquez ci-dessous. On vous tiendra informés de l’avancement.
Chez Fastclub notre but est de faire du café et des tenues qui nous représentent. C’est une question de style et de conviction. Pour 2024 nous avons décidé de choisir un style plus baroudeur, rajouter des tâches directement sur nos tenues pour les rendre moins lisses, moins propres, plus engagées. Nous ne sommes pas là pour rentrer d’une sortie propre et en sentant bon. L’odeur de l’effort, les tâches, les histoires à raconter, voici ce qui nous habite et que nous voulons transmettre à travers cette collection Terrazzo. La collection ici
Faire des tenues, enfin les faire faire ne nous suffisaient pas cette année donc on a décidé de faire les choses en grand et de ressortir le pistolet à peinture de l’insolent Marc, notre maître peintre. Il est déjà à l’origine du 3T Fastclub, de la Golf, Caravane et du Open Wi.de Zebra.
Le but cette année est de faire évoluer nos couleurs de vélo pour les rendre encore plus unique, nous renouveler ou simplement évoluer est la meilleure façon de rester unique.
Le projet vélo
Voici avec beaucoup d’honneur que nous vous dévoilons notre nouveaux projet vélo. On pourrait l’appeler le TERRAZORRE mais ca fait beaucoup trop donc on va juste vous laisser deviner qu’il va dévorer les pistes gravel à une vitesse folle !
Le détail du Open Wi.De
Vous venez de voir les coulisses, maintenant on va vous détailler le montage du Open Wi.De.
Cadre Open Wi.De
Roue Zipp 303s
Pneu Hutchinson Touareg 40
Cintre 3T aeronova
Manette Sram Force Axs 12v
Potence Zipp aluminium
Tige de selle Zipp
Selle San Marco Shortfit
Pédalier Sram Force carbone
Plateau Absolut black 42 ovale
Derailleur Sram XX1 Axs
Cassette Sram 10-50
Sacoche Miss Grape
Ça vous plait comme vélo ? Pret à faire des courses avec ? La bonne nouvelle est que cette peinture unique a été faite en deux exemplaires. Le deuxième sera proposer à la vente dans le magasin Supervelo (84) avec un montage de votre choix !
L’ensemble gagnant :
Voici maintenant pour le plaisir quelques photos de l’ensemble maillot tenue Terrazzo !
On vous laisse le plaisir de nous dire en commentaire ce que vous en pensez.
Maxime Prieur, nous fait un retour sur le BikingmanX Maroc, une course d’ultra distance en mode gravel ! Pour illustrer la lecture de ce résumé de course, je vous invite à regarder en parallèle ses statistiquesStrava de cette aventure dans l’Atlas
Le BikingmanX Maroc, c’est la dernière course de la saison et honnêtement elle arrive tard. Depuis le 22 Avril avec la Desertus Bikus les courses se sont enchainées. La dernière en date le 500 km du Bikingman alpes Maritimes était le 15 septembre. C’était il y a un mois et demi.
Du point de vue de ma forme je ne sais pas exactement sur quel niveau je peux me baser. Les deux derniers ultra étaient des 500 km sans dormir. Sur les dernières semaines avec GCN j’ai fait uniquement des sorties intenses. En preuve, la vidéo comparative entre le Ventoux sur Zwift et en réel (où j’ai amélioré mon meilleur chrono). Et aussi le Roc d’Azur Gravel ou j’ai pris une très belle 26ième place sur plus de 400 coureurs. Si je fais une analyse je sais que globalement sur les 500 premiers km je peux y aller franco. Mon expérience prendra la suite… Les km ne s’oublient pas.
Dans la préparation de ce Bikingman une chose est très importante et brouille les cartes. L’organisation ne dévoilera le parcours que la veille du départ à 16h. Nous ne savons pas quel sera le dénivelé, le profil du parcours, le nombre de km en gravel… Cela complique pas mal la préparation mentale de la course ainsi que le matériel à prendre. Vu que c’est l’épreuve reine des Bikingman elle se doit d’être plus complexe.
Heureusement nous sommes 10 inscrits du club et 10 à s’interroger sur le parcours. Mine de rien ça aide à répondre à quelques questions. De mon côté je fais des hypothèses de parcours au départ de Marrakech sur Komoot en allant dans l’Atlas. Ce en regardant les différentes photos et points d’intérêt que propose le site. Je regarde les parcours des autres courses existantes au Maroc pour avoir une idée de la trace… Côté vidéo, je regarde aussi pas mal de reportage vélo sur le Maroc et l’Atlas pour me projeter au maximum.
Rebondissement dans cette recherche, quelques jours avant le départ, sur le site Owaka qui diffusera le livetracking. On ne peut pas voir la trace mais on voit le profil du dénivelé de la course. Donc avec ce profil nous sommes partis dans les hypothèse plus précises. Avec Clément Bancons nous cherchons donc les routes potentielles les informations que nous avons sont :
un col à 2100 mètres après 93 km de course
une photo d’un col dans des gorges magnifiques sur Instagram publié par Bikingman
un col après 600 km qui monte à 2900m d’altitude
1020 km pour 22000mD+
Après un peu de recherche on est sur une hypothèse crédible de parcours : 1030 km pour 17000 de D+. En utilisant l’appli ride epic weather on arrive à avoir des infos météo qui donne une belle tendance pour la course. Les températures seront comprises entre 8 et 25 degrés sur la totalité de la course . avec une deuxième nuit difficile en très haute altitude où il faudra faire attention avec la fatigue pour la sensation de froid.
Fini pour la préparation maintenant passons au séjour et à la course.
Après un voyage sans aucun accroc nous voici arrivés avec Emilie dans notre Riad du centre de la médina de Marrakech. Le vélo est bien remonté et en pleine forme (pas comme Emilie qui se tape un rhume de l’espace). Nous allons retrouver les copains à l’hôtel accueillant la course. Cela me fait mes 10 premiers km dans Marrakech et ses alentours. C’est plutôt sport, il vaut mieux ne pas trop chercher à réfléchir et faire à l’identique des marocains.
Dimanche matin : Première étape de la course, contrôle du matériel, pesé du vélo et passage à la photo de présentation. Voici ma première bonne nouvelle, le vélo complet sans l’eau est à 12,6 kg ce qui le classe dans la tranche basse de la course (voici de l’énergie d’économisé au prix de concessions matérielles).
Dimanche après midi, briefing et découverte du parcours. Deuxième bonne nouvelle : notre hypothèse est quasiment la bonne, nous avons presque le même parcours ce qui valide les choix d’habillement pour la météo. Bonne nouvelle aussi, il y a seulement 16 000 mètres de dénivelé, cela augmente naturellement la vitesse moyenne de la course.
Passage obligatoire à l’émission du Bikingman prologue avec Cédric, Axel et Bruno un peu plus tard dans l’après- midi. C’est bien beau mais sur cette épreuve encore plus que d’autres je fais parti des favoris, mon expérience gravel et mes résultats me trahissent. Dans le viseur les concurrents : Laurianne Plaçais, Laurent Jalabert, Florent Dumas, Christian Auriéma, Clément Bancons (qui est dans une super forme) et tous les autres car sur ces courses il y a toujours des belles performances !
Lundi matin 4h, départ!
Le départ est dans 1 heure, le taxi est devant le riad, on jette le vélo à moitié dans le coffre, un tendeur improvisé pour qu’il ne s’échappe pas et on embarque avec Emilie qui m’avait préparé un petit déjeuner de compétition.
3 km avant le départ réel, Clement Bancons remonte l’équipe entière au premier rang de la course (quelle rigolade, on se prend pour une équipe World Tour).
Départ réel, comme à mon habitude j’attaque ! Je suis en tête, il reste 60 km pour arriver en haut du premier col celui de Tichka. Faire cette attaque me permet de me mettre sur un gros rythme et de juger le comportement des autres.
Sur la fin du col les lacets me permettent de voir les concurrents : le tandem Belge est deuxième, Laurent Jalabert et Christian Auriéma en chasse et je vois sur le live Laurianne pas loin aussi. Je vais pousser pour créer un bel écart ou pour les fatiguer. Mon vélo est léger, mes pneus bien gonflés, je pousse et tout va bien.
Descente avec un goudron neuf, mais quel plaisir ! Je fais une petite erreur de parcours mais le gps me le signale immédiatement, un petit demi tour rapide.
Les kilomètres s’enchainent. Tout roule très très bien. J’arrive dans une portions avec un fort vent de face et de lignes droites interminables mais bien calé sur les prolongateurs j’avance correctement.
Cliché, à ce moment la je commence à ne plus avoir d’eau, je suis sur une longue ligne droite avec un fort vent de face, une station essence abandonnée sur le côté, des paysages désertiques, des vieilles voitures américaines pleines de sable. Un homme debout à côté de la station me regarde passer. Je m’arrête et lui demande de l’eau ou du coca, il n’en a pas…
Je reprends ma route, km 200 je traverse la première frontière de la région, c’est lunaire et magnifique.
Entre CP1 et CP2
KM 235 : Premier checkpoint, je suis toujours en tête mais nous sommes 10 en 10 km donc mon avance est infime. Je remplis mes bidons, prends un coca, un pain et repart immédiatement en moins de 10 minutes. Je croise en partant le tandem Belge et leur raconte des blagues. Le but est aussi de s’arrêter rapidement pour forcer les concurrents à faire pareil ! Je continue d’essayer de mettre la pression sur la course.
Depuis quelques KM nous avons tourné et le vent arrive de dos maintenant. Je l’avais vu sur les prévisions météo et il va rester pendant 400 km dans le même sens ! La sensation de forme est très plaisante !
J’arrive dans la première section gravel (je n’ai pas spécialement regardé combien de km elle dure) avec le vent de dos je roule vraiment vite dedans, c’est assez propre je profite. Les paysages sont dingues, je suis vraiment au milieu de nul part.
Les km s’enchainent en gravel, je garde un très bon rythme, mon seul objectif est de creuser l’écart ! La section de gravel fait plus de 50 km… Heureusement que j’avais fait le plein d’eau ! Je reprends la route, refait le plein dans un village et me lance dans la deuxième section gravel avec la nuit tombante. Cette section est un peu plus accidentée, il faut trouver de la portance, nous sommes dans un lit de rivière, je fais la trace pour les copains ! Sur les derniers km de cette piste je frôle un roncier marocain ou j’y laisse un parti de mon tibia et je pense de mon pneu arrière. (J’ai du faire la trace jusqu’au roncier car tous les tibias étaient rayés à l’arrivée). Juste quelques kilomètres après je tape une belle pierre dans la roue arrière et fais un magnifique travers inattendu !
Je déboule sur la fin de cette seconde grosse section gravel et je sens ma roue arrière rebondir… Un peu plus loin je vois des lumières de lampadaire, je vais pousser jusque là pour réparer sous une lumière.
Posté sous la lumière, j’ai bien été touché par une épine aussi grande qu’une épée, le préventif est en train de faire le boulot. Cela rebouche petit à petit et je remets de la pression dans mon pneu. Un marocain avec un ami viennent discuter au passage, je leur raconte la course et que je suis en tête avec une centaine de cyclistes qui arrivent.
La course arrive dans le dur, cela fait maintenant plus de 17 heures que nous sommes partis. J’approche des 420 km de course et l’ascension finale jusqu’au CP2 de 30km… Je sais qu’en haut il y a un refuge où je pourrais dormir et me restaurer. Juste avant cette longue montée je m’arrête dans une échoppe pour faire le plein d’eau et prendre un coca et des gâteaux avant l’effort. La fatigue est bien présente, je m’accorde quelques minutes assis par terre.
A ce même moment, une voiture de police se gare devant le magasin, ouvre la fenêtre et j’entends : Prieur Prieur, la police suit la course sur le live tracking et vient vérifier si je vais bien (improbable quand même).
Je me lance maintenant dans cette longue ascension. Pas très vite mais sûrement, à ce moment là j’ai quand même un peu d’avance sur Laurent Jalabert, deuxième à ce moment de la course et sur Laurianne Plaçais, troisième.
Entre le CP2 et le CP3
CP2 / KM 449 au col d Tizi’n Tazazert à 2099 mètres d’altitude. Il ne fait pas très chaud, je mange en arrivant une omelette, me déshabille aussi pour faire sécher la transpiration de mon maillot. Je suis quand même détruit, au compteur je suis à 25 km/h de moyenne avec les pauses depuis le départ.
Le dortoir est magnifique dans ce refuge de montagne avec des matelas et surtout de magnifiques couvertures berbères de plusieurs centimètres d’épaisseur. Je décide de dormir un peu. Il reste quand même 600 km.
Une fois mes 50 minutes de sieste effectuées je me réveille au chaud dans cette couverture, j’entends Laurent parler avec les bénévoles. Il est arrivé et a mangé pendant que je dormais. Il repart juste devant moi sans qu’on ait pu se parler. Au total je suis resté 1h37 au cp : belle pause !
On se voit avec Laurent, lui n’a pas dormi…Je roule à mon rythme, encore un peu fatigué je dois l’avouer. Il reprend un peu d’avance mais je ne m’en occupe pas car l’important est ma course, pas la sienne. (De toute façon il n’a pas dormi… il va le payer à un moment normalement).
Un peu avant les gorges de Dades que j’avais repéré sur Komoot, je m’arrête refaire une micro sieste. Je n’avance pas vraiment à ce moment là. 2 fois 5 minutes assis sur une marche d’escalier et hop, je reprends ma route en loupant complètement la vue dans ces gorges magnifiques car il fait encore nuit…
Le jour commence à se lever et nous avons passé les 24h de course, déjà ! Aux alentours des 550 km le jour commence à se lever, ça fait du bien? J’ai beau chercher une boulangerie ouverte, dans ce quartier du Maroc il n’y a pas grand chose ! Belle surprise à la sortie d’un village humide au fond d’un canyon, une lumière arrière de cycliste clignote. C’est Laurent qui s’est arrêté dormir. Cela m’étonne mais c’était logique qu’il s’arrête à un moment.
Quelques kilomètres plus tard, je profite de voir un marocain ouvrir son commerce pour discuter avec lui, prendre de l’eau et 4 ou 5 paquets de gâteaux. En repartant, je croise une voiture des race angels de la course, leur demande la température, Sergio me répond qu’il fait 7 degrés… Je trouvais aussi qu’il ne faisait pas très chaud ! Quelques centaines de mètres plus tard, je trouve un café ouvert ! Je suis plus à ça près, je m’arrête prendre un café (pas très bon pour être poli)
La journée peut maintenant commencer ! Je pars à la chasse au JAJA et surtout je me lance dans le TIZI Onoui le fameux col à 2900 mètres d’altitude. Un col magnifique de 16 km 100% gravel. Axel, Serge et Amandio sont là pour me prendre en photo sur le début de la montée, je profite c’est beau, roulant (non escarpé) et ça ne monte pas très raide !
Au détour d’un virage je re aperçois Laurent Jalabert qui n’est plus très loin, c’est étonnant. Car pour l’anecdote ; un marocain avant le début du col s’était arrêté pour me dire que mon ami avait 30 minutes d’avance ! (étant juste au début du col ça veut dire que nous n’avons pas du tout la même vitesse). Mon plan est donc très simple, le rattraper et profiter de ce passage fort pour moi et moins bon pour Laurent pour creuser l’écart avant le sommet et la bascule.
Je le rattrape, nous échangeons quelques mots et je reprends la tête de la course en étant en pleine forme ! KM 600 je bascule et ne traine pas trop, l’altitude est très haute, la température pas très élevée, il faut enchaîner.
Les routes sont plutôt très vallonnées dans cette descente, ce n’est pas si reposant (pourtant sur le papier on aurait pu y croire). Globalement c’est 50 km de faux plat descendant avec des talus à passer.
Sur ce plateau nous sommes vraiment éloignés des grandes villes mais nous traversons beaucoup de petits villages. Je suis l’éclaireur de la course, l’annonciateur qu’une course ou un rally passe par là. Dans les villages c’est beaucoup de respect de toutes les parts, on se salue tous, mon « Sallam Aleykoum » s’améliore ! De temps en temps les enfants essaient de me stopper mais bon malheureusement c’est la course, je reviendrai en vacances pour prendre le temps de discuter avec eux. C’est touchant, nous avons des modes de vie totalement opposées mais le même sourire partagé.
Il me reste un sacré morceau avant de sortir de ce plateau à 2000 mètres, au kilomètre 700 j’ai le col à 2590 mètres à passer, en gravel et ce coup ci il est plus difficile car très irrégulier. J’aborde des pentes très raides mais juste magnifiques. Un dernier gros effort avant de redescendre en plaine (1000 mètres d’altitude) et arrivée sur le CP3 au kilomètre 780. Les villages que je traverse à ce moment-là sont les plus pittoresques du tracé. Beaucoup d’enfants, ils ne vont jamais à l’école ?? Ahah. J’arrive enfin au sommet de ce col. La vue est exceptionnelle.
N’ayant pas bien regardé le profil (en même temps on nous l’a donné au dernier moment…) je m’attendais à une bascule facile avec une longue descente pour arriver dans un village avec des supermarchés de partout.. Et bien non, je ne vois que des collines à l’horizon… Le prochain village ne sera pas là de suite. J’ai même un col à 1500 mètres d’altitude à passer.
J’avance et commence à penser au futur Tajine que je vais manger au CP. Je fais un point sur les concurrents, Jalabert à abandonné, Laurianne est deuxième à une cinquantaine de kilomètres et Florent Dumas est troisième (mais remonte sur Laurianne). Je n’ai plus qu’à gérer et ne pas faire d’erreur.
Km 745 j’attaque le dernier col avant le CP3, quasiment 20 km et je suis bien fatigué. Petite spécificité sur cette épreuve, vue que la Gendarmerie royale contrôle la course, à des moments j’ai droit au salut de la police mais aussi à des escortes. Dans ce col ou je monte environ à 10 km/h avec la force que j’ai à ce moment-là. J’ai une voiture de police qui reste derrière moi, ça tombe bien la nuit est tombée et leur phare m’éclaire la route. Une route qui ne roule absolument pas car c’est du goudron recouvert de gravier… Moment insolite, un chien arrive pour m’aboyer dessus et directement la Police vient se mettre a mon coté pour faire obstacle ! C’est beau !
Quelques minutes plus tard, j’arrive au sommet de ce col et je me lance dans la descente. Ça me fait plaisir pour la police car ils vont enfin pouvoir rouler un peu avec leur voiture. Je descends placard et là se passe une deuxième choses intéressante ! Le policier se prend au jeu et me colle à la roue pour m’éclairer la route ! Fullspeed !
Du CP3 à l’arrivée : sauve qui peut !
J’arrive au CP ! Toute l’équipe Bikingman est là, même Karine ! A peine arrivé Cédric profite du moment pour me faire une bref interview (après visionnage, je me dis que j’étais vraiment trop fatigué). Je commande mon tajine et m’accorde une pause royale pour manger. La patronne de l’hôtel profite de mon arrivée pour faire un selfi avec moi, je le fais mais la prévient que je n’ai pas pris de douche récemment…
Je mange ce tajine de légumes avec du poulet (bon n’y avait que des haricots verts…) Je mange largement car la journée n’avait pas été riche en nourriture, je prends un bon café et discute avec les copains. Au total une bonne heure de pause et de repos sans pédaler. Je repars fatigué mais avec l’ambition de ne plus m’arrêter pour les 250 derniers km avec les 3800 mètres de dénivelé. Je sais quand même que je vais devoir faire des micro siestes à un certain moment.
C’est au ralenti que je repars sur des toboggans interminables avec de la difficulté dans les montées et le froid dans les descentes ! Pas évident. Au bout d’un moment, je m’arrête faire une première sieste. Moment unique, je m’arrête et trouve une chaise sous un arbre devant ce qui semble être un magasin. Il est environ minuit. J’éteins mes lumières, me pose et mets un réveil pour 10 ou 15 minutes. Un marocain s’arrête et vient me parler. Il est de la sécurité qui encadre la course, il me propose même de l’aide mais je lui réponds que je n’ai pas le droit à de l’assistance. Après 2 fois 10 minutes, je me réveille, m’aperçois que j’ai 10 personnes qui discutent autour de moi. Je reprends difficilement le vélo toujours dans des montées/descentes rébarbatives de nuit où j’ai l’impression de tourner en rond !
30 minutes plus tard je m’arrête à nouveau car je dors sur le vélo. J’anticipe et préviens les voitures derrière que je vais faire la sieste (c’est très drôle qu’ils me suivent quand même). Ce coup ci pas de chaise, je m’assois par terre devant une clôture et dors 2 fois 10 minutes. Un chien arrive et dort à côté de moi à ce moment-là.
Je suis encore très fatigué mais je reprends la route et un gel double espresso pour rester éveillé. 1 heure plus tard il doit être 3 ou 4 heures du matin et je m’endors toujours et ça m’énerve. Je ne veux plus m’arrêter, je n’en ai pas besoin ! Je regarde mon tel, je change de musique, rien y fait. Dernière solution, j’appelle un copain, Jeremy qui travaille de nuit. Grosse chance il me répond et on commence à discuter ensemble. C’est vraiment pas facile mais au bout de quelques minutes j’arrive a être plus vif et à ne plus m’endormir ! Je suis sauvé et je reprends un bon rythme !!! Merci Jeremy !
J’attaque les sections gravel. La première est très roulante avec quelques pierres mais passe. La deuxième est dans les champs d’Olivier ! Enfin du gravel cassant, il aura fallu attendre 900 km pour avoir du vrai gravel !! (il faut dire que j’aime vraiment quand c’est cassant !)
Le jours se lève petit à petit, j’ai passé la nuit, les températures sont meilleures. Je traverse des villages très reculés encore mais je passe dans une ambiance ou je profite de ces kilomètres restants. Mon arrivées sera aux alentours de midi, j’enroule la chaîne sans être trop inquiet car mon avance est à ce moment la confortable.
Je sais aussi que les 40 derniers km se feront en faut plat descendant, ils sont donc gratuits sous le soleil avec un léger vent de dos. Je prends le luxe de m’arrêter juste avant ces kilomètres dans un village pour reprendre à boire, un coca et des gâteaux.
Ce sont les derniers km, la victoire est acquise sauf problème mécanique, je fais quand même attention mais profite de ce moment là pour passer des coups de fil à mes proches pour savourer. Je sais aussi qu’en arrivant à midi tout le monde sera à l’arrivée et ça sera un moment très très sympathique !!! Au soleil bien sûr !
L’arrivée est là ! Je tente un dérapage spectaculaire sous l’arche sans succès… C’est pas grave j’ai enfin gagné mon premier Bikingman 1000 kilomètres !
Cette belle place me classe même deuxième du classement général derrière Laurianne. (qui pour la petite blague m’a fait un sprint quand je suis venu l’accompagner sur les derniers kilomètres !)
Merci pour vos encouragements et d’avoir lu ce résumé !
La prochaine course sera au printemps maintenant.
« BikingmanX Maroc » par Maxime Prieur
Les copains du club présents sur cette course nous ont aussi laissé des souvenirs. Je vous invite à vivre en vidéo la course de Clément Bacons !
Retournez au journal pour lire d’autres aventures de Maxime Prieur et des autres membres du gang FastClub.
Des chiffres impressionnants et un récit avec des anecdotes sur 3 596km. Félicitations Julien pour cette belle course et place à son récit !
Avant course :
Le samedi précédant le départ, j’arrive à Bruxelles en TGV après avoir payé une régularisation de 150€ en raison de la housse en cellophane que j’utilisais. La contrôleuse l’a jugée inappropriée, craignant que ses angles vifs puissent représenter un danger pour un enfant. Je n’avais pas d’autre option (j’ai déposé une réclamation à mon retour, mais j’ai seulement obtenu un avoir de 41€).
Après avoir roulé environ trente kilomètres pour rejoindre mon hôtel, je m’installe devant l’étape du tour de France. Le soir venu, je ne tarde pas pour passer une bonne nuit de sommeil. Le matin il pleut, mais heureusement, la pluie s’arrête juste avant que je parcours les dix kilomètres jusqu’à Grammont, la ville de départ.
Aussitôt arrivé, je file aux contrôles avant de manger et trouver un coin pour dormir en attendant le briefing de 18h00. Des petites averses passent dans l’après-midi mais sans plus. C’est à la sortie du briefing qu’il se met à pleuvoir vraiment fort, ce qui n’est pas sans ajouter de la pression à la situation. Beaucoup de bar, pizzeria, restaurant, avant-toit sont saturés en participants dans toute la ville. C’est dans un Domino Pizza que je trouve une place pour manger et discuter jusqu’à 15min du départ. Bêtement, je laisse mon vélo sous la pluie qui est tellement forte qu’elle finit par traverser le sac mal fermé où se trouvaient mon passeport neuf et le brevet tout juste remis…
Etape 1 :direction la Suisse
À 22h00, le départ est donné dans une ambiance unique éclairé par les torches. Heureusement la pluie a cessé, mais les pavés sont humides. Je tente de trouver une bonne position dans le peloton pour gérer la montée du Mur. Malgré le côté magique des pavés scintillants sous les torches du public, je reste prudent en raison des conditions glissantes.
Ma trace évite ensuite les routes principales, je me retrouve donc un peu isolé. Mes récentes chutes sur routes humides me poussent à être vigilant. Au moment d’enfiler mes lunettes, je me retrouve pourtant au sol suite à une glissade provoquée par un affaissement de la chaussée peu visible de nuit. Heureusement, je ne suis que légèrement blessé, tout comme mon vélo. Un peu de scotch pour réparer, les freins et la transmission fonctionnent bien. Le plus grave, finalement, est d’avoir troué le maillot tout neuf du Fastclub Café !
La sortie de Belgique est exigeante usante avec constamment des montées et des descentes le long des Ardennes. Entre de belles averses, je parcours 200 km le long des fleuves la Meuse et la Moselle jusqu’à Épinal. Le soleil réapparait en fin de journée, idéal pour se sécher. Mon objectif est de franchir le col de Bussang en direction de Mulhouse, que j’atteints vers 18h. Je m’arrête brièvement pour faire des courses avant de continuer jusqu’à la frontière Suisse à Saint-Louis, couvrant 570 km.
Ma première nuit est perturbée par le bruit des véhicules et le froid. Je parviens à dormir seulement environ 3h30.
Etape 2 : début de la montagne
À 03h16 j’entame l’entrée en Suisse. Une mauvaise indication de Komoot m’oblige à pousser le vélo près de Basel. Mon trajet se passe bien jusqu’au sud de Luzerne, où je me retrouve face à une montée raide de 3 km à 9 % de pente. Au sommet, la route humide se transforme en chemin pavé que je décide de descendre à pied lesté de mon vélo de 17kg. Hélas, je chute dès les premiers mètres. Je réussis malgré tout à descendre sans encombre les 200 mètres de dénivelé restants, toujours à pied.
Je pédale ensuite sur une vingtaine de kilomètres jusqu’à Amsteg, le pied du col du Saint-Gothard, une longue montée usante de 36 km avec 1600 mètres de dénivelé. La circulation dense m’incite à finir les trois derniers kilomètres sur une version pavée moins roulante mais surtout moins fréquentée. La descente qui suit s’étale sur 70 km avec quelques faux plats jusqu’au départ du parcours 1 : le pied du col de Saint-Bernadino.
L’humidité des derniers jours a fini par causer une crevasse sous mon pied gauche m’infligeant une douleur incessante réveillée à chaque coup de pédale. Je décide de continuer quand même, trop de café dans le sang ! Je m’engage alors dans un petit combat, entre la gestion de la douleur, des portions raides et des rafales de vent de face pendant 36 km de montée.
Par « chance », la route partage la vallée avec une autoroute bordée par une station-service où j’arrive juste avant la fermeture de 21h00. J’en profite pour prendre des forces avant de terminer l’ascension. Une fois au sommet, une sensation de libération totale m’envahi ! Avec une température de 5°C, je m’habille chaudement et descend pour rejoindre le pied du prochain col où je prévois de me poser.
À 23h34, je découvre une cabane avec des toilettes à proximité et même un piano. Je nettoie et soigne mon pied. Ensuite, je me couche pour environ 3h30 de repos.
Etape 3 : un gros morceau dans les Alpes
Le troisième jour de mon périple commence à 3h42. Je termine le Parcours 1 en grimpant le col de Spluga, plutôt court avec 9 km et 660 mètres de dénivelé. Heureusement, ma douleur au pied a disparu. La longue et ludique descente qui suit le long d’un lac me met en forme pour la journée malgré la faible température de 3°C.
La suite du parcours comprend une montée exigeante de 30 km et 1500 m de dénivelé, marquée par un trafic intense. Cela m’amène sur le plateau des lacs de Haute-Engadin à 1800 mètres d’altitude avec des vues magnifiques. Je continue, franchis deux petits cols, puis atteins à midi le premier point de contrôle à Livigno. Je prends une pause bien méritée et repars pour le col du Stelvio, une montée de 20 km avec un dénivelé de 1500 mètres. Bien que difficile et surtout pas obligatoire, je tiens à le faire. Avec un feeling pas terrible cette montée est un vrai défi. Mais j’atteins finalement le sommet après une pause pour prendre une glace.
Après la descente vertigineuse du Stelvio, je choisis de chercher un hôtel où passer la nuit afin de bien récupérer après une journée bien remplie. Je perds du temps pour atteindre l’hôtel avec une trace improvisée à travers des champs de pommiers. L’enregistrement est rapide. À 20h30, je me couche en programmant 5 heures de sommeil.
Au réveil, je remarque une lueur sous les rideaux lorsque j’ouvre un œil. Après un moment d’hésitation, je réagis en cherchant ma montre qui a disparu de ma table de chevet. Au final je la trouve enfouie dans la couette et je réalise qu’il est déjà 6h00 !
Etape 4 : paisible en fond de vallée
À 6h34, je repars donc en pleine forme pour la journée qui sera la plus agréable de la course. Je parcours environ 250 km de pistes cyclables et de petites routes, profitant d’une température idéale, de supers jolis paysages, d’un magnifique coucher de soleil, d’un délicieux café et de la solitude. La soirée se passe à traverser de petits villages en savourant du chocolat embarqué sur le vélo !
Le soir, mon objectif est de passer en Slovénie et de m’arrêter dès que possible, près du Parcours 2. Une fois la frontière passée, le fond de carte de mon GPS disparaît, ce qui causera quelques erreurs de navigation jusqu’à la fin en Grèce. Finalement, je fais halte à Jesenice où je trouve un endroit confortable sur un sol qui est resté chaud après avoir emmagasiné la chaleur du soleil toute la journée. Mais la chaleur ne reste pas, le vent se lève et la nuit devient fraîche avec une température de 10°C. Ayant déjà eu beaucoup de sommeil la nuit précédente, je décide de repartir après seulement 1h30 de repos.
Etape 5 : cap vers les Balkans
Je commence ma journée à 2h35 avec quelques difficultés dues à la fatigue. Heureusement vers 5h30, je retrouve mon énergie juste avant d’entamer le Parcours 2 sur lequel se trouve l’auberge qui accueille le CP2. Arrivé à l’auberge en même temps que la gestionnaire, j’ai l’honneur de savourer le premier café de la journée ! Je surmonte ensuite les premières difficultés du parcours, y compris une montée de 5 km avec une pente moyenne de 10%.
S’en suit une descente de quinze kilomètres sur un chemin où je reste prudent en serrant le guidon. Je m’arrête près d’un charmant gîte où un couple accueillant me permet de prendre quelques provisions dans le buffet du petit déjeuner des clients. Dans la plaine qui suit, le vent m’est tantôt favorable, tantôt contraire. Je m’écarte de ma trajectoire à un moment donné, perdant 15 minutes à chercher la bonne direction (l’impression d’une heure dans le vif).
Ma trace me conduit ensuite dans une vallée avec de nombreuses petites montées qui s’avèrent éprouvantes malgré leur discrétion sur le profil. Sous un soleil brûlant, je peine à avancer. La situation finie par s’améliorer avec un vent favorable et un profil plus clément en direction de la Croatie. En soirée, je décide de faire une pause pour un repas consistant tout en m’interrogeant sur l’équilibre entre les calories dépensées et celles absorbées. J’ai l’intention de continuer jusqu’à la frontière de la Bosnie, mais la fatigue m’en dissuade.
Finalement, c’est à 21h13 que je trouve un lieu pour passer la nuit : la terrasse d’un restaurant routier abandonné et tout barricadé. Au moment où je m’apprête à dormir, une voiture s’arrête à côté. La conductrice, aussi propriétaire du lieu, commence à s’inquiéter de ma présence. Après une discussion difficile et à la vue de mon passeport français, elle me propose finalement de m’ouvrir sa porte, ce que je refuse car c’est interdit par la course. Malgré tout, ma nuit n’est pas trop mauvaise et je parviens à dormir environ 4 heures.
Etape 6 : traversée de la Bosnie Herzégovine
À 2h29, je poursuis mon périple jusqu’en Bosnie, atteignant la frontière au lever du soleil. Je passe un premier contrôle, puis reprend ma route avant de me faire interpeler par le douanier du second contrôle où je passe sans m’arrêter par manque d’habitude aux frontières. Il faut bien s’arrêter au deuxième poste de douane ! Je découvre rapidement des villages où le niveau de vie semble moins élevé qu’en France, avec des infrastructures moins développées, notamment les routes. Il est en revanche plutôt facile de trouver de la nourriture et de l’eau dans la plupart des villages, ce qui contraste avec certaines zones rurales françaises délaissées.
Je parcours ensuite une route très dégradée, pleine de trous et de rustines, donnant parfois l’impression de rouler sur des pavés. Heureusement, je rejoins une route principale plus propre, mais le trafic est dense et les conducteurs peu attentifs aux cyclistes, ils se contentent de klaxonner pour avertir de leur présence. Je subit ça pendant une centaine de kilomètres dans une vallée en direction de Mostar.
Vers 19h00, je décide de me faire plaisir dans un vrai restaurant avant de terminer un petit col pour descendre sur Mostar. Cette zone est marquée par de nombreux champs où ont été enterrés des combattants, avec des rangées de croix blanches rappelant celles de Verdun. La descente du col me réserve une mauvaise surprise, avec des portions de chemin qui ressemblent presque à du VTT en raison de leur raideur. C’est difficile, mais j’assume ma trace et garde ma concentration et ma patience : tout à une fin !
Vers 21h30, je réalise que je suis dans une vallée très touristique et animée la nuit. Trouver un endroit calme pour la nuit est compliqué, mais je réussi enfin à Jablanica vers 22h30. C’était sans compter la présence d’un sans-abri que je n’avais pas vu et qui me fait clairement comprendre que je dois partir. Je me déplace alors un peu plus loin, mais ne fais pas attention à ma nouvelle position près d’une gouttière. Environ une heure après m’être endormi, des gouttes d’eau tombant du toit formées par la rosée me réveillent. Le bruit est trop dérangeant pour rester au même endroit. Ma nuit est donc relative avec seulement 3h30 de sommeil.
Etape 7 : la plus dur et donc la plus courte
Départ 3h37 pour ce septième jour de course où je ne me sens pas complètement en forme. Point positif, la route descend principalement jusqu’à Mostar. Je sors de ma trace une fois de plus et me retrouve sur les gros pavés du centre de Mostar. Les rues sont désertes à cette heure, heureusement pour moi.
Par la suite, je dois rejoindre une route en direction du sud vers le Monténégro. Arrivé sur cette route, mauvaise surprise, celle-ci est en travaux pour devenir une bretelle d’autoroute.
Même si elle est simplement fermée par un ruban et que c’est dimanche, je décide de ne pas prendre de risques et de trouver un itinéraire alternatif. C’est alors que survient un problème avec mon levier de vitesse qui glisse sans résistance. Stressé sur le coup, je réalise que c’est simplement le câble qui a lâché. Après quelques difficultés à retirer le morceau resté dans la manette, je repars au bout de 30 minutes avec un câble neuf.
Il est 9h00, la chaleur commence à se faire sentir et il y a peu de commerces. Un serveur dans un restaurant me prépare un sandwich improvisé, je lui en suis très reconnaissant. Pour me motiver, je décide que je dormirai à un hôtel ce soir, les nuits difficiles s’accumulent et mon genou droit est légèrement enflé et douloureux. De plus, je dois faire face à une portion inroulable avant la frontière.
Une fois au Monténégro, je m’accroche dans la moindre montée pendant environ cinquante kilomètres pour atteindre Nikšić le plus tôt possible. À mon arrivé, je trouve rapidement une borne Wifi pour réserver une chambre. Après une douche rapide et malgré l’heure (17h30), je réussis à obtenir un repas au restaurant de l’hôtel. En fin de compte, je vais me coucher à 18h30 en programmant deux alarmes cette fois-ci : ma montre et mon téléphone pour être sûr de me réveiller à temps !
Etape 8 : l’Albanie un très beau pays
Il est 00h38, je repars avec une sensation de fraîcheur et un genou comme neuf. Je traverse de nuit avec rapidité et facilité la capitale Podgorica, puis j’atteins la frontière albanaise vers 4h30. L’Albanie devient rapidement un endroit qui me plaît. Les habitants sont accueillants, surtout sur la route, où ils prennent soin de dépasser en toute sécurité. Les premiers kilomètres me rappellent le Vaucluse avec un peu de garrigue et le chant des cigales. À l’exception d’une portion peu attrayante près de la mer, le paysage redevient très agréable à parcourir. Je finis par atteindre le CP3 dans la réserve du lac d’Ulza.
Peu de temps après le CP3, je tombe bêtement à la sortie d’un chemin parsemé de gravillons sur la route. Rien de grave mise à part un levier à remettre droit et un pansement sur un genou. Le Parcours 3 est magnifique avec une abondance d’eau qui maintient les arbres et les prairies d’un vert éclatant. Mais il est épuisant car c’est 40 km sur des chemins où la vitesse en descente n’est guère plus rapide qu’en montée en raison des cailloux. Les 1100 mètres de dénivelé négatif sont aussi exigeants que les 1100 mètres de dénivelé positif !
Je fais face à ma première crevaison due à une erreur d’inattention. Le pneu pincé, je réussi quand même à réparer avec du préventif après quelques arrêts pour regonfler. J’arrive en fin de journée dans un petit village où il faut que je trouve à manger. Deux jeunes locaux me dirigent vers une petite supérette qui était sur le point de fermer. Avec un choix limité, j’opte pour des sardines et des cacahuètes pour tenir jusqu’à la prochaine grande ville, Peshkopi, où je pourrai me procurer un vrai sandwich chaud. J’essaye de regonfler correctement le pneu réparé, mais impossible. Pas le choix, je décide de mettre une chambre à air. Au même moment, les 2 jeunes du village me retrouvent et nous réussissons à échanger malgré la barrière de la langue : un instant mémorable !
Cette nuit-là, je passe en Macédoine du Nord à 22h30 et la fatigue commence à se faire sentir. Trouver un endroit approprié pour se reposer est compliqué surtout sur une montée à flanc de montagne. Un bout de chemin en cul-de-sac qui ressemble à une décharge, mais avec suffisamment d’espace propre, sera mon choix pour ce soir. Un peu stressé à cause des aboiements de chiens à proximité, je réussi finalement à dormir pendant 3 heures sans problème.
Etape 9 : arrivé en Grèce
Il est 3h29 et la journée commence avec une agréable route. Comme d’habitude, je m’arrête pour prendre un petit-déjeuner dans une station ouverte 24h/24. Je ne suis visiblement pas le premier à discuter avec le caissier. Un petit col m’attend ensuite pour me réveiller et retourner en Albanie où je pédale le long du lac d’Ohrid pendant 30 km. L’ambiance balnéaire me pousse à faire une pause en terrasse pour prendre un café.
Mon déjeuner se déroule dans une ville assez grande, Korçë, où même à vélo la circulation est chaotique. De vastes vallées où les herbes sont brûlées par le soleil m’occupent tout l’après-midi, la chaleur est intense et les routes sont en mauvaises état. Plus je me rapproche de la frontière, plus les routes deviennent impraticables avec de nombreuses portions non bitumées. Pour ne rien faciliter, je fais une erreur en ratant un carrefour et en tentant un raccourci à pied, ce qui se révèle être une mauvaise décision. Progresser devient vraiment difficile puisque je ne peux pas profiter des descentes. Ce n’est qu’une fois à la frontière avec la Grèce que je trouve une descente en bon état, mais là encore, une mauvaise surprise m’attend à la sortie d’une courbe avec 400 mètres de route totalement décaissé sur 15 cm de profondeur. Freinage d’urgence obligatoire !
À 18h30, je suis ravi de franchir la dernière frontière de mon périple. En plus, c’est la fin de la journée où je me sens généralement mieux, ce qui me motive à nouveau après cet après-midi difficile. Moins bien, je vis mon premier face-à-face avec un chien depuis le début de la course. Il a surgi de côté alors que je roulais à environ 35/40 km/h, ce qui m’a fait dresser les poils des jambes et m’a donné un regain d’énergie semblable à un booster ! Mon objectif est d’atteindre Ioánnina pour manger et me reposer un peu avant de trouver un bel endroit pour passer une bonne nuit. Je veux être en forme pour le Parcours 4 du lendemain qui s’annonce difficile. Je m’en sors plutôt bien en trouvant un excellent emplacement vers 23h. Il n’y a ni chiens, ni bruit, ni froid, je suis à l’abri et au pied d’une montée. Je me programme 4 heures de sommeil, ce qui s’avère être ma meilleure nuit dehors depuis le début du périple et cela tombe à point nommé !
Etape finale : dernière ligne droite
À 4h49, je me lance dans une montée de 700 mètres de dénivelé aux mille lacets. Puis une rampe de 4 km à 10% est le prix à payer pour rejoindre le Parcours 4 en début de matinée. Je trouve de l’eau en chemin, de la nourriture et un café, ce qui me prépare pour la grande étape de la journée : 20 km de chemin pour atteindre un col à 1500 mètres. Par chance, je me sens en forme au bon moment, ce qui facilite le passage. Seuls les 400 derniers mètres de dénivelé nécessitent de marcher, soit environ une heure. Vient ensuite une longue descente éprouvante pour les bras et les mains, même pour quelqu’un d’habitué au VTT !
La journée continue sur une route assez « sauvage » jusqu’au fond de la vallée où je ressens un grand soulagement après 4 heures d’efforts assez intenses. L’après-midi est souvent difficile pour moi, mais cette fois-ci le profil de la route est plus clément, le paysage est agréable, et la circulation est légère. Je roule donc bien jusqu’au CP4 aux Météores. Après une pause pour déguster une énième glace, je décide de maintenir ma route plutôt que de suivre la tendance de nombreux concurrents qui font demi-tour pour un profil plus plat. Les 10 km de gravier au début de ma trace sont plutôt roulants. Des routes tranquilles font ensuite leur apparition, ce qui n’était pas garanti pour un bord de mer.
La nuit tombe et je remarque une lueur rouge au loin. En progressant, je réalise que c’est un incendie et que je vais pile dans sa direction. Arrivé aux pieds à Paraskevi, je constate que cela ne semble pas inquiéter les habitants et les touristes. Je m’arrête donc pour un repas vers 22h00 et repart pour rouler toute la nuit. Je me sens bien et je me rapproche de la fin de mon périple. Avec « seulement » 300 km restants je décide de basculer en mode courtes pauses. Mais la nuit comporte plusieurs montées dont un tronçon hors route et un col de plus de 1000 mètres, ce qui la rend difficile. La descente de ce col est rendue complexe par la fatigue, mais la route est large et en bon état, ce qui me permet de gérer d’éventuelles erreurs.
J’arrive à Kateríni à 4h00 du matin où je trouve de la nourriture facilement, y compris un café. Ensuite, je me lance dans 130 km de terrain plat et vallonné pour rejoindre le parcours final, mais la circulation devient de plus en plus dense. Le jour se lève, créant une humidité insupportable due à la chaleur associée aux rivières proches de la mer. La traversée du fleuve Vardar est dangereuse car le seul passage est une autoroute à quatre voies. Après deux kilomètres d’efforts intenses, je parviens malgré tout à le traverser rapidement et sans encombre. En revanche, mes jambes commencent à refuser l’effort après plus de 24 heures sans pause. Je décide alors de faire une pause de 30 minutes avec une petite sieste pour récupérer.
Je réalise que mon état est surtout mental et je me lance dans une bataille cerveau contre muscles jusqu’à la fin. J’entame le parcours final de 140 km à 15h, en sachant déjà que je ne profiterai pas des bons moments que procure une arrivée en soirée quand il y a un peu plus de monde pour vous accueillir qu’en pleine nuit. Ajouté à ça, le soleil qui tape sur le casque me donne mal à la tête. Les 20 premiers kilomètres sont particulièrement pénibles sur un chemin à travers une forêt dense et sans vue. Les passages sablonneux, la température qui atteint 40°C et les descentes difficiles rendent ces premiers kilomètres absolument épuisants.
Par la suite, je trouve de la nourriture et des glaces dans chaque village traversé (ce qui me permet de tenir le coup). A ce stade il reste 90 kilomètres avec plus de 1500 mètres de dénivelé positif. Ma lucidité commence à me faire défaut, je percute maladroitement un nid-de-poule qui crève directement mon pneu. Les montées se succèdent sans fin, le sable refait son apparition et des chiens agressifs entre en scène. Je suis tellement épuisé que je les ignore complètement. Plongé dans un état à mi-chemin entre le rêve et la réalité, je laisse mon esprit divaguer en imaginant des histoires sur le bord de la route. Je m’arrête brièvement puis réalise que je suis seul avant de repartir dans la bonne direction, c’est l’essentiel !
Je me secoue et il semble qu’une nouvelle vague d’énergie est là pour les 30 derniers kilomètres. Il reste encore une montée pour atteindre Thessalonique, mais elle ne me pose aucun problème, tout comme les côtes qui suivent. À 2h00 du matin, je termine la TCR en roue libre au bord de la mer, ma première (très) longue course !
Mon arrivée est sobre, avec seulement deux concurrents qui ont récemment franchi la ligne d’arrivée en plus de David de l’organisation. Ma plus grande et agréable surprise survient lorsque mon frère m’appelle à cette heure ! Rien qu’à ma voix, il comprend que je suis au bout de mes forces. Je réalise à peine l’ampleur de ce que je viens d’accomplir en « 11d 4h 15m ».
Après course :
Je me dirige immédiatement vers un hôtel, malgré l’heure. D’ailleurs, je serai réveillé par un coup de téléphone de la réception à 13h… Heureusement, ils se montrent compréhensifs et ne me facturent pas une nuit supplémentaire, car j’aurais dû quitter la chambre à 11h !
Je profite des quelques jours de vacances à Thessalonique avant d’entamer le retour qui prendra deux jours. J’évite l’avion donc la solution c’est : bus, ferry et train !
Merci pour vos messages, avant, pendant et après ! A tous : amis de loin, de prêt, de la communauté des ultras, des membres du Fastclub Café, des collègues du travail et de la famille !
Personnellement ça a été une belle aventure. Moi qui aime la montagne je n’ai pas de regret. Entre les routes interdites, la position des CP et le soin apporté pour éviter les gros axes le parcours a été plaisant. Sinon contrairement à ce qu’on pourrait penser ce n’ai pas la course où j’ai fini dans le pire état. Totalement débutant dans une course de plus de 10 jours mon expérience dans les plus courtes (5.5jour max) m’a amené à être vigilant sur ma gestion. Peut-être trop avec 30% du temps à l’arrêt ? Je ne pense pas. Car dans les faits et après 3 mois je ne me pose toujours pas la question d’où j’aurai pu faire mieux pour gagner quoi…. L’essentiel était le plaisir et la découverte et ça le restera !
Cette année on remet ça ! Le grand weekend des bidons d’or sera comme l’été « Chaud »
Les 2 et 3 Décembre.
Après cet interlude artistique, nous pouvons vous présenter le programme du Weekend. Pour les déplacements, il s’agit d’en parler sur le groupe WhatsApp pour minimiser les frais pour tout le monde. Cette année, nous passerons le weekend en Provence, dans le Magasin Supervelo de Yann qui nous assurera un service digne d’un Hôtel 5 étoiles.
Pour les logements, nous avons pas mal de possibilité, n’hésitez pas à nous envoyer des messages ou les noter vos questions en commentaire. (Rémi Pantani pourra s’occuper d’une partie de vous)
Samedi 2 Décembre
Rendez-vous 9h chez Supervelo (adresse ici) et au programme se sera dégustation de café, chocolatine et pain au chocolat puis une belle sortie sur route en espérant que la météo soit avec nous. Vous aurez le choix de deux parcours, un long d’environ 130 km et un plus court d’environ 80 km, les deux bien sûr partageant le maximum de route, l’arrivée est à confirmer, mais se fera sur le Vélodrome de Cavaillon. L’idée est de profiter, s’arrêter, boire des cafés, rigoler et avant tout passer un bon moment.
Retour dans l’après-midi, douche, cabine infrarouge et gouté au shop.
Samedi soir : La cérémonie
Pour cette cérémonie, nous serons dans l’espace “conférence” du magasin avec la venue d’un traiteur pour partager et festoyer tous ensemble, nous vous présenterons la nouvelle gamme 2024 ainsi que ‘Le projet”. On reviendra également sur les performances 2023 avec la traditionnelle remise des Bidons D’Or (sponsorisé par Supervelo) Quelques intervenants viendront compléter la soirée.
Pour ce repas, nous vous demandons votre inscription ainsi qu’une participation à hauteur de 15 euros. (via le lien un peu plus bas)
Dimanche 3 décembre
Pour ce dimanche après un réveil difficile, nous vous proposons premièrement du bon café avec des croissants ce coup-ci. Ensuite, départ pour de la rigolade, soit du bon gravel rigolo, soit de la route gentille.
Le but est d’être prêt à rentrer chez vous en milieu d’après midi.
Pour les vélos : On vous conseille de prendre votre vélo de gravel avec deux paires de roue ou pneu. La sortie route ne sera pas rapide donc inutile de prendre les vélos aero ! (enfin si vous avez la place, vous avez le droit) Pour ceux qui veulent essayer des vélos, Yann pourra vous en trouver, à voir avec lui en avance.
*ce weekend est réservé aux membres du club, nous pouvons étudier toute demande hors club en message.