La Desertus Bikus #3 2024 de Max

13 Avril 2024 Nous y voici, ma première course d’ultra distance de l’année et pour la troisième fois je participe à la Désertus Bikus.

Cette année cette course d’ultra nous amène de Hasparren dans le pays Basque à travers l’Espagne avec pas moins de 7 checkpoints à valider sur le parcours libre pour finir au Portugal dans la ville de Sétubal. 

Depuis le mois de Janvier j’ai repris ma préparation « ultradistance » avec beaucoup de longues sorties pour banaliser les longueurs et rendre ces efforts faciles afin de pouvoir pousser plus fort lors des courses. Après un mois de janvier débuté malade j’ai quand même réussi à faire mes entrainements. Dans cette lancée, j’ai continué sur Février mais j’ai subi une chute ralentissant ma préparation. N’aillant que les week-ends pour m’entrainer, chaque semaine était précieuse. J’ai tout de même réussi à faire un bon mois et j’ai enchainé sur le mois de Mars malgré une météo assez mauvaise. J’ai une nouvelle fois subi une chute qui m’a ralentit dans ma préparation. Fin Mars j’ai réussi à pousser un peu plus en finissant sur un très bon weekend de Pâques avec 600 km fait en 3 jours avec même une cyclosportive au milieu (la Beuchigue

Laissez moi maintenant, vous faire la présentation de la course. Pas de parcours, juste un passage a des checkpoint imposés. Nous avons eu les coordonnées GPS de ces checkpoints trois mois à l’avance et comme chaque année mon but est de faire la trace la plus efficace possible. Le but dans ma situation est de minimiser le dénivelé, trouver de bonnes opportunités gravel et avoir le moins de km possible bien sûr! Bien aidé par Clément Bancons, nous avons réussi à faire une belle trace de 1377 km pour 10500 D+. Le départ de la course était proche de la maison et les dernières semaines avant le départ m’ont également permis d’aller tester différents itinéraires, en particulier le passage de la frontière et le parcours dans le Désert de Bardenas. 

Passons au vélo maintenant et au setup complet. Ayant avec GCN plusieurs Canyon j’ai assez rapidement choisie l’Aeroad, les longues lignes droites espagnoles et la vitesse nécessaire pour jouer devant me faisant choisir la vitesse plutôt que le confort. Au vélo d’origine j’ai du échanger les plateaux pour des Rotor QRings Ovale, monter une paires de roues Néo Wheels en 55mm (bien plus légère que les Dt Swiss). J’ai monté une selle italia Novus (découverte juste avant la course) et enfin j’ai réussi avec l’aide de AEROPLUG à monter mes prolongateurs sur le cintre combo Canyon. Pour les sacoches je fais confiance à Miss Grape pour ma troisième année. 

Question pneu le choix était primordial et bien aidé par Hutchinson j’ai monté des Challenger en 32 mm conçu pour résister à toutes les situations. 

La course : 

Après une bonne semaine de repos et une belle après midi à dormir je suis prêt pour le départ, prévu pour minuit. 

A mon arrivée sur place je mesure la popularité grandissante de la course, nous sommes près de 300 participants cette année, l’ambiance est comparable aux autres années: conviviale et anxieuse face au défi qui nous attend. On se retrouve avec l’équipe Fastclub, on rigole pas mal tous ensemble, on est tous prêts avec chacun nos objectifs et nos parcours. Le couteau entre les dents on part pour la course ! Des les premiers mètres pas mal de participants roulent assez vite. Je suis de la partie avec Clément, à nos cotés le grand Justinas Leivaka qui fait office d’épouvantail sur la course. 

A chaque croisement les groupes se divisent, les possibilité sont multiples pour basculer en Espagne, on se retrouve à seulement 5 ou 6 en direction de St jean Pied de port, personne ne prend de gros relai dans le groupe, de mon coté je gère mon rythme pour assurer la distance, Clément se sacrifie et prend des énormes relai et maintient un gros rythme, je sais qu’il le fait pour m’aider. On arrive à Saint-Etienne de Baigorry, je tourne et file vers Banca, Urepel et le col de Urkiagua. Je croise un groupe et accélère pour m’isoler, je ne souhaite pas subir le rythme d’autres coureurs. Je vois une lumière pas loin derrière qui reste à quelques mètres, je l’interpelle avec un « t’es qui toi? » et on commence à discuter. C’est Loris Pasquier, une des prétendants à la victoire qui a décidé de me suivre plutôt que de suivre son propre parcours… Cela fait parti des choses que j’aime moins dans la course avec le drafting autorisé mais on discute bien c’est sympa, on roule même très bien ensemble. Il me lâche un “moi les lignes droites c’est pas mon truc…” (il est donc foutu).

On fait une traversé de Pampelune sans circulation avec des conditions météo parfaites et on enchaine les kilomètres d’une facilité déconcertante. On arrive déjà à l’entrée du Désert de Bardenas, à voir la vitesse à laquelle on roule je me dis que possiblement on va arriver en tête au CP1, je garde donc le rythme sur ces 30 kilomètres de gravel. Des pistes que je connais bien car je les ai repéré quelques semaine avant justement. Ça roule tellement bien que je peux presque rouler sur les prolongateurs. Une fois le passage de la petite rivière franchis ou je montre à Loris où passer sans souci je prends un rythme un peu plus conséquent et crée un petit écart, je fonce en direction du CP. Je ne vois aucun phare à l’horizon, je serai peut être premier au cp. 

J’arrive au cp1 et découvre que Mathieu est déjà la, il vient d’arriver quelques minutes juste avant,  je fais demi tour rapidement et repars avec lui, on est encore sur un gros rythme et on se dit qu’on va rouler ensemble pour creuser l’écart sur les autres copains. Pour la sorti du Désert nous avons chacun notre trace, on se sépare avec un magnifique levé de soleil (au passage j’ai plus d’une heure d’avance sur mes estimation) 

Le jour se lève et les kilomètres défilent, très vite il commence à faire très chaud, je n’ai pas encore enlevé toutes mes affaires, il faut dire que je roule sur un bon rythme et je ne m’arrête pas pour le garder et creuser des écarts. 

KM316, premier stop, coup de chaud, je m’arrête sous un arbre à l’ombre, me déshabille mange un wrap que Emilie m’avait préparé et me refroidi plus globalement. Je reprends la route en meilleur état que je ne l’ai quitté. Assez rapidement je profite de la traversée de quelques villes pour prendre des glaces, des eaux gazeuses et coca cola dans les bars que je croise. 

A l’approche du CP2 je suis toujours en deuxième place, derrière moi ça remonte fort, Florent Dumas, Florian Moreau, Loris Pasquier et Justinas Levaika. J’enchaine, me ravitaille et roule kilomètres après kilomètres, les chiffres sont dingues et les lignes droites interminables. 

Il est 22h, je viens de passer au CP3 et j’en suis à 550 km depuis le départ. J’arrive sur la ville de Buendía, première surprise, j’y suis déjà passé l’an dernier et je m’en rappelle bien car je m’y étais arrêté pour manger, je connais donc déjà l’emplacement du restaurent et leur carte. J’y rentre et commande le même sandwich que l’an dernier, je montre même au serveur une photo de lui de l’an dernier. Un cycliste me rejoint à ce moment la, c’est Florian Moreau, il parait être neuf alors que je suis détruit la tête dans mon assiette. Je mange difficilement mon sandwich et ma tortilla et par en quête d’un abris pour dormir. 

Je visite la ville mais rien de fameux pour dormir, je reprends la route et téléphone à Emilie au même moment, il doit être environ minuit à ce moment la. Elle regarde sur Google les prochaines villes en quête d’un abris quatre étoiles pour que je puisse dormir. Je rentre après une vingtaine de kilomètres dans un village ou des arches sont devant la mairie mais je ne les sélectionne pas car le lieu est beaucoup trop éclairé. Je fais le tour du village et pousse la vieille grille du parvis de l’Eglise. Son porche avec ses marches d’escalier me semblent accueillant. À l’abris des lumières et du vent je m’installe dans ma couverture de survie pour dormir. Je mets le compte à rebours pour une heure et m’endors immédiatement. Le réveil sonne, je relance pour une heure supplémentaire. 

Je me réveille, reposé, même étonnement frais, je prends un gel au café pour simuler un petit déjeuner et repars dans la nuit. Pour passer la nuit restante je me lance dans l’écoute de podcasts d'”Affaire Sensible” de France Inter, le thème : Les drames en montagne. (NB : Patrick DROUEL, j’espère ne jamais être dans un épisode). Je croise à ce moment Florian, qui est gelé après avoir passé une nuit horrible. Quelques km plus tard nos deux routes se séparent et je me relance dans mes épisodes tout en roulant sur un bon rythme. 

Le jour se lève petit à petit et je remonte sur Florent Dumas et Mathieu Kalia, Florent fait des erreurs de parcours, Mathieu le passe, de mon coté j’ai du gravel agressif pour reprendre des kilomètres et du temps. Tout se passe très bien, je vois sur Instagram que Florent est passé de nuit au cp Barrancas, j’en profite pour lui envoyer une photo de l’endroit en plein jour. 

Je finis par retrouver Florent dans une station service et on en profite pour blaguer quelques minutes, je lui paie une bouteille d’eau, il me passe une banane (avec le mot : tu la mangeras cette nuit quand tu seras fatigué… Il n’a pas le temps de finir sa phrase que j’ai déjà fini la banane verte, cela faisait des heures que je voulais manger un fruit !) On repart en direction du CP5 et du CP6.

Après la descente de Sancti-Spíritus, on découvre un endroit incroyable, on ralentit, discute et prenons des photos. Une fois les paysage passés on recommence à monter, Florent me lance un “aller va le chercher”  et je m’exécute immédiatement, je sais que Mathieu n’est pas loin. À ce moment là il y a de belles portions gravel ou je me régale de vitesse, ça dérape mais ça passe sans problème, c’est plaisant aussi de faire des dérapages. 

Sortie du CP6 je croise l’équipe de la course, échange deux blagues avec Victor qui filme et continue sur mon rythme. J’arrive sur un détail sur mon compteur, une pointe qui me montre un chemin que je n’avais pas réussi à tracé. C’est un chemin piéton, il a l’air propre, je m’engage dedans, ça me permettra peut être de passer en tête. Je finis par pousser mon vélo dans la bonne humeur, je sais que je gagne des km. Arrivé au sommet je vois la route en contre bas, je n’avais pas prévu ce « talus » d’autoroute à descendre… Bon un peu d’escalade n’a jamais fait de mal. Après une descente un peu sport je me retrouve sur la route et fier de mon raccourci je continue à pédaler. 

Quelques kilomètres plus loin, je tourne sur la droite pour récupérer une route secondaire qu’avec Clément nous avions sélectionné. Le bitume est vraiment abimé, je zigzag entre les trous sur plusieurs kilomètres avant de retrouver une nationale. Le jours se couche, je viens de passer la barre des 1000 kilomètres, c’est la dernière ligne droite, la dernière nuit. 

Mon parcours n’est pas si mauvais finalement, après cette route abimée je fais de la nationale et j’enchaine sur de la piste gravel le long de l’autoroute qui roule très bien, aucun souci de ce coté là. Question paysage je ne me pose pas de question, il fait nuit noire. Sur ces petites routes de Gravel je vois arriver derrière moi une voiture de police, Les policiers me font signe et je m’arrête, (je vois l’amende pour les écouteurs arriver à grand pas) je leur dis “Es una compéticion”  et il me réponde ok ok aller vas y ! 

J’arrive maintenant dans Mérida, il me faut absolu trouver à manger pour passer la nuit, ça tombe bien je trouve un McDonald, ni une ni deux je commande 2 cheeseburger et 9 nuggets avec un jus d’orange. Je remplis mon camel back dans les toilettes, mange les deux cheeses et reprends la route. Mathieu m’a dépassé alors que je mangeais mon cheeseburger (retour de karma d’avoir choisi la malbouffe, mais j’ai su après coup qu’il avait fait de même), nous sommes à moins de 5 kilomètres d’écart. 

Une fois mes nuggets terminés je me lance dans un contre la montre pour le dépasser et ainsi atteindre son moral. Impossible, pendant plus de deux heures je roule à fond sans le rattraper, lui fait de même devant… Le chrono est tellement intense que j’en ai mal aux tibias (j’ai même enlevé mon kway pour être plus Aero) On traverse la frontière et la route se dresse pour une montée interminable, d’un coup je me sens complètement épuisé, j’ai trop pousser sur le clm… 

Le coup de pédale est lourd, comme ma tête, je ne vais pas passer en tête cette nuit… Je suis en recherche d’un endroit pour dormir mais rien n’est idéal, c’est une longue route avec des platanes sur le coté. Je roule et trouve une un portail d’entrée de domaine avec un palmier sur le coté. Je suis à l’abris du vent et grande surprise, des branches de palmier sont au sol. Étonnement je suis dans un spot incroyable. Je m’installe toujours dans ma couverture de survie pour dormir 30 min + 15 min. 

Je reprends la route, correctement dans le brouillard mais avec l’objectif d’arriver à Evora pour le petit déjeuner. Je m’y étais déjà arrêté lors du Bikingman Portugal l’an dernier. Après un petit déjeuner au ralentit mais indispensable je reprends ma chasse. Je suis en embuscade et j’attends un faux pas de Mathieu. Il reste 200 km environ. 

J’enchaine les kilomètres sur un rythme normal, sans faire de pause, c’est la dernière ligne droite et la chaleur est accablante. J’arrive au dernier CP, j’avance jusqu’à la falaise. Fait quelques photos. Emilie me téléphone à ce moment la… En furie, elle me pousse pour que je prenne le même Ferry que Mathieu, on a seulement 50 minutes d’écart pour les derniers 40 km. 

Je reprends la route sur le rythme maximum que je puisse rouler, c’est à dire aux alentours des 28 / 30 km/h, avec le vent de face ce n’est pas évident bien sur.

J’arrive enfin au ferry, il est 13h30, Mathieu à pris celui de 13h, je suis heureux et un fatigué deuxième. Je n’ai plus de batterie sur mon téléphone, juste je profite de cette traversé de 20 minutes. 

Je débarque et rejoins l’arrivée, heureux de la performance, légèrement frustré d’une victoire si proche mais je savoure. J’ai roulé à 22km/h pauses comprises, ce qui correspond exactement à mes prévisions. C’était une sacré parti de manivelle !!!!! Merci Mathieu pour cette bataille ! 

Dans les prochains mois il me restera à décider si je reviens pour une quatrième fois, en attendant je compte profiter du Portugal quelques jours avant de repartir pour la prochaine course le 1er Mai à Gérone (560 km de gravel) 

Merci également aux nombreuses personne qui me soutiennent : Le Groupe Clim, Hutchinson, Miss Grape, Néo wheels, Supervelo, Fastclub, les Glaces Romanes.

Dans quelques jours sortira la vidéo embarquée de la course sur la chaine YouTube GCN en Francais et je vous y ai mis pas mal d’anecdotes et surprises ! 

L’activité sur strava : https://www.strava.com/activities/11187368770

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