Le BIKINGMAN PORTUGAL de Jean-Marc & Christophe

Problèmes mécaniques & solidarité : Jean-Marc nous montre qu’il ne faut jamais abandonner !

Voilà déjà 10 jours que je prenais le départ du Bikingman au Portugal, avec Christophe, pour former un duo Fastclub, une première pour nous de courir en paire et de surcroit sans jamais avoir fait plus de 100km ensemble. C’était déjà en soi une aventure risquée car le deal s’est fait au soir de la clôture du Bikingman Corsica 2022 : « Et si nous faisions le Portugal ensemble? » tout en trinquant avec une Pietra.
L’idée était lancée et elle a été jusqu’au bout. En fait, il y avait trois objectifs, et c’était le meilleur moyen d’en atteindre aucun : Etre Finisher, Vivre le raid en équipe et très égoïstement prendre ma revanche sur l’étape 2020 où j’avais abandonné pour raison médicale.

En synthèse :

  • 93kg mon poids au départ
  • 12,9kg poids du vélo sans l’eau
  • 1028 km
  • 13050 D+
  • 52 h de selle
  • 26 l d’eau
  • 10 bouteilles de Pedras
  • 8 jus de pommes
  • 7 glaces
  • 4 toasts mista
    … le reste n’est pas avouable !

Un début de course dans le vent évidemment, mais nous avions la possibilité de rouler en relais vu que nous courions en paire, et nous roulions bien jusqu’au Km63 où ma chaîne saute et se bloque entre les deux plateaux. Tout se bloque je manque de tomber mais je décroche rapidement et évite la chute. Christophe arrive au bout d’un moment à dégager la chaîne, mais le dérailleur s’est mis en sécurité et maintenant plus aucune vitesse ne passe. Nous n’avons jamais été confronté à cette panne. Comment s’en sortir? Génial nous avons du réseau, je vais sur le site Shimano pour trouver la solution, il suffit de faire un reset du Di2 et ça repart. Oufffff

Pour autant, je m’aperçois que mon petit plateau semble être voilé, il ne tourne pas rond, et dans ma tête ça commence à ne pas tourner rond non plus. Je décide d’éviter d’utiliser le petit plateau de peur que la chaine ne se bloque a nouveau. Une quinzaine de km plus loin j’entends un bruit métallique, je venais de perdre la dernière vis qui tenait le plateau, qui se retrouvait brinquebalant sur l’axe du pédalier. STOP immédiat, nous n’avons pas d’autre solution que de fixer le petit plateau avec la seule vis que nous avons récupérée sur la route. C’est ici que je découvre la vie de pistard, je vais devoir rouler sur la plaque jusqu’à trouver des vis pour réparer. Le Bikingman est une course sans assistance, mais les soutiens des amis et de la famille sont nécessaires pour être encouragé, soutenu et ne rien lâcher. Nous avions créé un groupe WhatsApp où nous relations notre progression mais aussi cette mésaventure. C’est là que notre ami Pierrot d’Ajaccio s’est investi de la mission de nous trouver des magasins de vélo au plus près de la trace. Il a été fantastique, car au-delà de trouver les shops un 1er mai, il les appelait, leur parlant avec un anglais sûrement très pur, pour savoir s’ils détenaient les fameuses vis:
« Hello frate, ave you quatre screw for pédalier? Don’t give them to Arnaud, Steven ou Nathalie ils ont leur assistance. Multo obligado. » Là c’est le mental qui reprend le relais car la prochaine chance est à Monchique. Cette ville résonne fort dans ma tête car c’est ici que j’avais abandonné en 2020 à 120km
de l’arrivée. Les 17km de montée pour arriver dans cette petite ville de montagne, connue aussi pour
ses eaux thermales, est interminable sous une chaleur accablante de 37 degrés. Une seule fontaine sur l’ascension où il faut 1h pour remplir un bidon, mais une pause sympathique car des villageois venus faire un pique-nique à cet endroit nous offre un bout de gâteau traditionnel pour le 1er mai. Je me souvenais que dans cette ville il y avait un superbe Bike-café où nous pourrions trouver des vis. Fermé le 1er mai. Mais Christophe voit les femmes de ménage à l’intérieur, il frappe (à la porte, pas sur les femmes de ménage) qui ouvrent et nous autorisent à chercher notre bonheur dans l’atelier.
Notre joie fut de courte durée, car rien ne correspondait et nous avons hésité un instant de démonter un pédalier pour récupérer les vis. Non chez Fastclub ça ne se fait pas! Pause fraicheur, coca, cacahuètes, noix de cajou et réflexion stratégique. Go to CP1 à Sagres, km 279, car c’était là que se trouvait le deuxième magasin. Arrivé vers minuit, après 14h de pédale, près de 4300 D+, toujours sur la plaque. Nous décidons de passer la nuit dans une chambre d’hôte car le shop n’ouvre qu’à 9h. Une bonne nuit réparatrice, un petit-déjeuner nickel, arrivons à l’ouverture de la boutique, malheureusement pas les bonnes vis.

Le prochain shop est au 387km à Boavista dos Pinheiros. Nous reprenons la route mais j’ai accumulé beaucoup de fatigue à rouler en force et je n’avance vraiment pas vite. Nous poursuivons vers Littoral Bike qui a normalement mes sésames.
Ouverture à 15h, nous sommes en avance donc nous nous posons et attendons, mais cette fois-ci pas pour rien. Les voilà ces p…… de vis, elles sont magnifiquement vertes et je n’hésite pas un instant pour dire « oui » quand le mécano me dit qu’il n’a que cette couleur. Moi qui rêvais de rose, pour ressembler un peu au bike de Clément. BK Portugal saison 2 : une nouvelle « vis » commence. Moral retrouvé, test plateau ok, dérailleur ok, nous repartons, mais ce n’est pas aussi simple car je n’ai plus de jambes et nous progressons lentement. Christophe est un vrai forçat avec un boulet accroché à sa cheville. Nous décidons de pousser jusqu’à Santiago de Cacem, de se restaurer et d’y passer une bonne nuit. Nous ne sommes pas les seuls à faire cette halte, pas moins de 5 vélos dans le garage sont déjà là. Allons faire deux courses au supermarché en face de l’hôtel pour petit déjeuner demain et ravito de survie.
Dodo 22h, réveil 2h30 et départ vers le CP2, où je vais retrouver Karine qui est race Angels à Villa VIçosa. Ça me donne la pêche. La stratégie est bonne, la nuit est douce, on avance bien, on se fait de beaux relais et les kilomètres défilent vite, on reprend des positions (je n’ai pas ouvert Owaka de tout le périple) en route pour la Remontada. Mais après la pause déjeuner, à nouveau baisse de régime, les derniers kilomètres sont très longs. Après 16h30 de selle nous arrivons au CP2.

Joie partagée avec Christophe dès la vue de la place grandiose que nous traversons pour être accueillis par notre fan club race Angels constitué de nos épouses, Neri et Amandio, mais aussi notre ami Jacques Barge, la légende, et Marie sa femme. Au son de «joyeux anniversaire» , Karine et Neri approchent avec deux pastels de nata surmontés de six bougies. Voilà 6 ans que nous sommes ensemble avec Karine. Elle m’offre un teeshirt avec devinez quoi dessus? Un vélo, et moi je pense que la vis qui me reste sera un beau clin d’oeil, super souvenir de cette aventure. Stratégie : nuit au CP2 pour repartir au plus tôt le lendemain matin. Super nuit, les jambes sont là, les premiers 180km sont passés facile. Toujours aussi chaud, plusieurs pauses pour boire et manger. Nous n’avons pas les mêmes besoins avec Christophe, c’est un chameau, alors que moi je me force à m’hydrater très régulièrement…mais malheureusement je n’ai pas assez manger. Après une dernière vraie pause déjeuner et micro sieste à Moura, nous reprenons la route avec pour objectif la finish line. Nous évaluons le temps à 8h mais au final nous en mettrons 10. En effet, la nuit arrive, les montagnes russes sur la fin du parcours sont terribles et le vent n’est plus en notre faveur, il nous attaque par rafales brutales.
On pousse, on pousse, le mental prend à nouveau le dessus car je suis vraiment dans le dur, mais je vais l’avoir ma revanche, nous allons arriver à Faro. Deux heures du mat, les derniers pavés assassins de la vielle ville passés, nous entendons la cloche qui annonce notre arrivée. Nous y sommes, le pari réussi, le défi relevé, une paire de choc au bout de la nuit. Nous sommes heureux, joie partagée avec nos épouses, mais aussi avec Laurianne, Richard et Clement qui se sont réveillés très tôt pour nous féliciter.

Les émotions sont là, même maintenant quand j’écris ce dernier mot : A prestù !

4 thoughts on “Le BIKINGMAN PORTUGAL de Jean-Marc & Christophe

  • durquet jerome says:

    Mais quelle galère mes pauvres!!!!
    Bravo pour le courage et l abdication dont vous avez fait preuve.
    Il faut une sacrée amitié pour pas se pourrir dans ce genre de moments
    Faudra demander aux autres mais 600 bornes sur la plaque je crois que ca c est fast club!

  • Matthieu Kaufmann says:

    Bravo Jean-Marc, un Race Angel comme toi est forcément un dur au mal, vues les heures passées à nous attendre sans dormir, des jours et des nuits…
    T’es maintenant prêt à le refaire avec le bike de Captain Max !😇

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

You may use these HTML tags and attributes:

<a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>