Nous voila à Nerja (Espagne) quelques jours après mon arrivée de la course d’ultra la Désertus Bikus. Depuis la semaine dernière je me suis concentré sur la récup : manger correctement, aller dans la piscine de l’hôtel, porter des bas de contention et surtout bien dormir. Heureusement j’ai fini la Désertus sans aucun traumatisme corporel ! Mes genoux vont bien, mes mains aussi, les jambes sont dures mais c’est normal après 1450km…
Je pars en vélo de Nerja direction Málaga, puis 3 heures de bus jusqu’à Séville (plus de train disponible) où mon père m’attend avec LA Golf Fastclub et mon vélo de chrono. Rémi Pantani me récupère en pleine féria de Séville. La golf ratatouille un peu mais ça tiendra jusqu’à Faro au Portugal. Nous sommes le vendredi soir (le départ est prévu lundi à 5h). A peine arrivés dans l’appartement il me faut changer mes boyaux, en effet sur ce Bikingman j’ai fait le choix de rouler avec mon vélo de contre la montre, il est équipé de roues à boyaux de 80mm… Après avoir échangé avec Hutchinson ils m’ont envoyé des boyaux (résistants !!) pour pouvoir faire la course sans problème. Avec le temps de séchage de la colle il me faut perdre le moins de temps possible pour assurer le coup. Je rajoute pas mal de préventif tubeless à l’intérieur pour prendre le plus de sécurité possible. Je rajoute les sacoches, monte les pédales xtr de vtt et le vélo est prêt ! (il est minuit je peux aller me coucher).
Samedi matin, j’amène la golf dans les stands Bikingman pour installer la machine à café pour tous les coureurs et l’organisation, le coffee truck est en place ! Il fait chaud, il y a du vent… J’en profite pour aller essayer mon set up, passer du vélo de route classique avec des pneus en 32 à celui de chrono avec des boyaux en 25 avec une position très agressive n’est pas très confortable. Je fais 100 mètres et rentre sur des pavés, il n’en faut pas plus pour perdre mon bidon arrière qui en sautant me touche la jambe, je peux ainsi le récupérer (c’est la première fois que je roule avec un support de bidon derrière la selle type triathlon). Après une vingtaine de km j’ai re-perdu mon bidon arrière, je fais 5 km pour le retrouver au bord de la route… Ca s’annonce pas terrible cette histoire, je rentre à la maison et j’installe un porte bidon plus rigide pour éviter d’avoir ce problème en course.
De retour sur les stands Bikingman en plein centre de Faro il est temps de rigoler, le vélo est prêt, je passe au contrôle, stand photo, interview avec Jérôme de radio cyclo et sur le plateau d’avant course avec Laurianne, Richard, Axel et Cédric. Comme prévu dans les prétendants au top 10 je suis le seul en vélo de chrono et le fait d’enchaîner les deux courses interroge pas mal de personne (ainsi que moi même car je ne sais pas comment mon corps va réagir malgré que je me sente en forme). Le vélo de chrono est un pari risqué, les mises en garde sur l’état des routes me fait douter terriblement. Je sais qu’à puissance égale je suis plus rapide avec ce vélo, puissance qui me manque avec la fatigue de la Désertus. Le vent annoncé me rassure aussi car avec un vélo aéro je le sentirai moins…
Il est l’heure de retrouver tous les membres de l’équipe Fastclub ! Richard, Clément, Serge, Jean-Marc, Karine, Christophe, Romain et Olivier. Une très belle équipe haute en couleur, la discrétion n’est pas notre priorité, il faut dire que nous sommes très contents de nous retrouver ! Les dotwatchers sont dans les startingbloc aussi pour encourager chaque membre de l’équipe.
Le grand départ
Il est 4h, Faro s’éveille ! Nous sommes au départ, on profite de boire un petit café, la tension se ressent sur tous les coureurs… On rigole mais on est tous conscient de ce qui nous attend. Je demande aux copains de partir en dernière vague mais dans l’ambiance nous partons au trois quart des vagues, c’est pas très important, il me suffira de mettre de l’écart sur Rémi et Maximilien que je vois en fin de peloton. Laurianne et Benoît sont partis devant. Les lignes sont espacées d’une minute, cela paraît incroyable mais ça peut compter en fin de course.
Dès le départ je pars sur un bon rythme, je ne sais pas si mon physique va tenir, je ne sais pas non plus comment va résister mon vélo sur les routes portugaises ! Je veux prendre de l’avance pour avoir le temps d’assurer pendant des galères et partir sur un bon rythme. Je croise Laurianne avec qui j’échange car elle est très sympa, elle me dit « je pars pas comme toi, moi je peux encore parler » hihihi !
Je continue ma folle remontée avec le vélo de chrono, ça fait que monter ! Je croise Benoît Merchez, il me lance « il y en a deux devant, il y a Jean Guerin il est parti à fond » Ok pas de problème, je vais aller le chercher pour m’assurer d’être en tête. A ce moment-là mon GPS plante complet, je dois le réinitialiser, en conséquence mon kilométrage est faussé… (Pas très pratique pour le reste de la course)
Je rejoins Jean, on roule bien, j’essaie de le décrocher quand même pour être tranquille sur mon rythme mais il s’accroche ! On s’arrête à un bar, je sors mon meilleur Portugais et prends un coca, pendant qu’on me le sert je remplis les bidons. Arrêt au stand efficace, je repars avant Jean. Quelques kms plus tard il me reprend, on roule un peu ensemble. Juste après je me trompe de route, allez! Jean me re-passe, on re-roule ensemble encore un peu, les bidons sont à sec, on passe devant un inter, hop arrêt au stand pour manger des sandwiches et prendre une glace (je me fais une entrée en vélo dans l’intermarché plein fer ahah).
Ca avance pas terrible le résumé mais il se passe tellement de petites choses… par exemple je n’ai pas encore parlé des forêts d’Eucalyptus incroyables et du paysage vallonné très sympa.
Place à la course, on arrive sur une portion gravel, après 270 km, Jean décroche, le gravel est tellement propre que je l’envois sur les prolongateurs ! A ce moment-là, Sébastien nous a devancé pendant notre pause coca. J’arrive en deuxième position au cp 1, l’arrêt Express commence !
Au Cp, je profite d’un très bon café Fastclub, de bananes, coca et barre Punch Power. Je remplis mes bidons et je suis prêt à repartir après quelques blagues à l’équipe. La Famille Bikingman m’encourage, ça fait plaisir ! Jean arrive, il est détruit !
Je repars, à son arrivée. C’est ambiance surf, on est dans le coin des surfshop, des cafés branchés, des hippies, on est à Hossegor ! J’enchaîne sur une portion de quelques km vraiment accidentés, je suis concentré, je me fais secouer ! Plusieurs km après cette section je m’aperçois que j’y ai perdu mon bidon ! Il reste plus que 680 km avec un seul bidon et la canicule est annoncée…
Moment important : KM 360, j’arrive sur une vue mer, je regarde sur la droite, un ZOO incroyable je suis au Portugal et je vois zèbres et des antilopes, sur la gauche de la route, moment intemporel ! 100 mètres plus tard je descends un route en pavé autobloquants à 20%, j’arrive à la plage et il faut remonter la même… Impossible avec mon 52/32 du vélo de chrono, ahah. 200 mètres à pied ne fait pas de mal ! J’en profite pour me détendre les jambes. J’aurai 3 montées de ce type sur la course où j’ai dû pousser le vélo.
Les kilomètres s’enchainent, je suis toujours en bonne forme, je pense que la nuit va bien se passer. J’approche les 500 km, ça va très vite au compteur. Heureusement durant la journée le vent n’a pas été aussi fort qu’annoncé.
Aux alentours des 2 heures du matin je trouve un abris, je me pose pour 30 minutes, je suis fatigué mais je veux surtout repartir pour faire une journée rapide le lendemain. Je dors sur le ventre, sans casque, c’est pas terrible. Le réveil sonne, je m’assois et en mangeant une barre je vois passer Laurianne. C’est toujours rigolo de croiser des concurrents et de discuter avec eux en pleine nuit. On fait vraiment un sport bizarre.
Je reprends la route et assez rapidement je comprends qu’il me faut dormir à nouveau. Je dors littéralement sur le vélo pendant une bonne trentaine de km. C’est à ce moment que je double Laurianne qui s’est arrêtée dormir en centre ville. Je trouve quelques km plus loin un magnifique abris bus bleu et blanc pour m’arrêter faire ma deuxième sieste. Manque de chance l’abris bus est magnifique mais rempli de chauves-souris, je m’assois malheureusement dans les fientes… Je ne suis pas à ça près et puis ça me fait une anecdote à raconter. Je dors 30 minutes (assis, la technique est importante) mais ouvre un œil pour voir passer Laurianne et Remi.
Je reprends la route en me trompant immédiatement de route pendant 1 bon km ! De quoi me réveiller et me remettre dans le bain ! Ca me fait même sourire cette histoire. Maintenant la prochaine étape est au CP2, km 660. Au passage de la ville d’Evora vers 5h du matin je profite d’une station service 24/24 pour prendre la totale, café, eau et 3 sandwiches. Je repars à fond les ballons.
Avance rapide car je n’ai pas beaucoup de souvenirs, KM 660 j’arrive au CP2 et je retrouve les fuyards Laurianne et Remi ! Je profite de l’accueil de l’équipe des race Angels (Sauf de Karine qui est volontairement partie se reposer, moi qui rêvait d’un câlin de sa part depuis bon nombres de km…) Remi repart, je profite d’un café Fastclub et de deux sablés et reprends la route en laissant Laurianne sur sa chaise. Je pars à la poursuite de Remi.
Très rapidement la température commence à monter, le vent aussi. Les fontaines sont les bienvenues et il est même pas midi encore, je suis intercalé entre Remi et Laurianne, Sebastien lui est loin devant. Je rentre dans un centre ville et passe devant devant un magnifique Lidl, il ne m’en faut pas plus pour m’engouffrer dedans. Poires, wrap, eau, jus detox au kiwi ! Pendant que je finis mon wrap devant le magasin, je croise Laurianne qui décidément ne me lâche pas !!!
Le vent et la chaleur sont complètement installés, 37 degrés au compteur, des bosses, des bosses ça ne s’arrête pas, chaque ville traversée est une occasion de trouver une fontaine pour se rafraîchir, c’est très dur à ce moment-là. Je croise au même moment un couple avec un nourrisson en calèche (je comprends que c’est leur moyen de locomotion) ça m’émeut et me choque énormément.
Moment de gloire, je rentre dans des toilettes publiques pour remplir mes bidons et trouve une douche, j’en profite pour rester 5 minutes la tête sous l’eau !
Il est 19h, le soleil se voile, la température descend et un petit air se fait sentir. Cela me permet de rouler un peu mieux. Je suis aux alentours des 860 km, Laurianne ne me lâche toujours pas (quelle teigne celle-là ahaha), j’ai peur qu’elle me fasse le finish car du km 920 à 980 km c’est un enchaînement de montées…
J’accélère pour me mettre à l’abri, je passe les bosses à l’arraché, Emilie au téléphone me soutient et me donne les écarts ! Sacrée motivation de sa part car la nuit commence à peine, malheureusement elle va rater le film ce soir…
Je creuse l’écart sur Laurianne et me rapproche à un poil moins de 15 km de Remi, le boulot est fait. J’arrive sur les derniers km, les positions resteront ainsi.
Dernier moment de gloire, je traverse un village en fête, des Cavallieros, des chars, du public en folie et moi au milieu avec mes phares. Il est onze heures du soir.
J’enchaîne les derniers kms jusqu’à l’arrivée la faim et la soif au ventre mais peu m’importe ! J’assure une belle troisième place qui me ravie !
Arrivée à Faro ! Axel m’attend à l’arrivée, les race Angels et mon père aussi aussi, c’est fini :
1009 km en 42h41 avec seulement 3h de pause.
Maintenant place à la récup ! Je dresse un bilan plus que positif de l’enchaînement des deux courses, je ne pensais pas réussir aussi bien avec une telle concurrence. Mon pari risqué du vélo de chrono a été payant également ! L’ultradistance progresse et les vitesses deviennent de plus en plus folle.
Je tiens à vous remercier pour tous vos messages avant, pendant et après la course. Sans vous il n’y a pas de réussite. Un grand merci aussi à toute l’équipe Bikingman pour leur ambiance et organisation très sympathique et sans faille !
Les strava :
https://www.strava.com/activities/8999912541 & https://www.strava.com/activities/8999923662
Les excellents reportage de la course part Bikingman https://www.youtube.com/c/bikingman
Pour les commentaires c’est juste en dessous !!!! Merci d’avoir lu !
Caro says:
Merci de nous transmettre ton expérience, tes sensations, tes doutes et ta folie, merci de nous remercier aussi, c est ce qui me donne envie de faire du vélo, de rester dans la course a moi, et toujours à te supporter, c cool de connaître un vrai champion …merci
Captain Max says:
Merci Caro ! Mais que je sache toi aussi tu es une sacrée championne !
Laurent Audibert says:
Bravo Max, il fallait l’oser et tu l’as fait (avec ma manière en plus!). J’adore comme tous les événements de parcours sont des raisons de rigoler ou de ne pas prendre les choses trop au sérieux. C’est une bonne inspiration pour le commun des mortels dont je fais partie!
Captain Max says:
Merci Laurent, tu le sais c’est un plaisir et un moteur de partager.
Bruno says:
Bravo @CaptainMax tu me régale à chaque course continue comme ça 🤩. Lire tes compte rendu me motive pour mes petites courses qui approchent
Vive Fastclub Café ☕️😜
Captain Max says:
Merci Bruno ! C’est pour des commentaires comme le tien que je le fais !
Valérie Gilson says:
Superbe récit Maxime. On peut s’imaginer ces 42h41 mais aussi l’état d’esprit avant course. Quand je lis tes mots, ta voix résonne également; ce qui apporte encore plus de vie à ton histoire. Je te dis bravo pour ton exploit, même la succession de tes 2 exploits (en Espagne et au Portugal) et je te souhaite de vivre encore beaucoup de belles aventures de ce genre ! Je m’aperçois qu’elles sont riches de pleins de choses ! Bisou de la Belgique
Captain Max says:
Merci beaucoup Valérie !
Orus Jean Marc says:
Encore une belle course et avec ton vélo de chrono, bravo coach
Dommage j’étais pas là pour ton arrivée pour te féliciter, j’étais occupé à chercher des vis. À prestu
Carion Jacques says:
Chacun, chacune, relèvent avec les épreuves BikingMan un défi.
Tous peuvent apparaître comme un peloton lors de chaque départ, mais les tracés exigeants éparpillent les participants, se trouvant rapidement livrés à eux-mêmes.
Chaque témoignage de « finisher » est ainsi unique, pour souligner des singularités réconfortantes.
La famille BikingMan ne regroupe pas des moutons sous la direction d’un berger de course, mais offre des transhumances inédites pour échapper à la tonte ou à l’abattage des vies surveillées.
Ici, Max le ferrailleur nous offre l’élixir du panache, qui est en berne depuis la provocation de Gavroche…
Merci jeune homme de cette belle humeur, qui force la mauvaise humeur à rendre les armes et à mieux interpréter les résultats : du premier au dernier les esprits domestiques disparaissent, et la cloche du départ et de l’arrivée sont là pour vous indiquer que nul ne pourra plus vous la passer autour du cou, quand la belle médaille de « finisher », consacrant vos courages sur la ligne d’arrivée, vous offre un nouveau départ…
Karine says:
Oh « baoulo » ! 🤨 Je ne me reposais pas lorsque tu es passé au CP2 : j’étais au Lidl moi aussi pour ravito Race !!!
Et dis-toi bien que si je t’avais fait le câlin, tu serais arrivé 1er !!! 😉😂
Basgi, Basgi mon Biquet !!!😘💃
Captain Max says:
Bien sur que je serai arrivé premier ! Non je ne t’en veux pas Karine, rien que l’idée de te retrouver m’a pousser à arriver plus vite au CP2 !
gregou says:
super récit , on s y croirait , bravo a toi max , respect .
BORGOGNO says:
Magnifique aventure Maxime , quelle performance avec un vélo de chrono , j’en parlais avec mon ami Richard Jeanjean encore jeudi … félicitations et en espérant trouver le temps prochainement pour participer à cette magnifique aventure qui est le bikingman.