La Race Across France de Thomas 2500km !

C’est l’heure de faire le compte rendu de la Race Across France version 2500 kms.

Si vous voulez le compte rendu fait par un Delaplace de Dunkerque, le voici :
C’était pas mal du tout ! Pas facile tous les jours mais bien quand-même !

Si vous avez un peu plus le temps et si vous voulez avoir une version plus « méditerranéenne », le voici :

J-30

De ma plus grande épreuve de cyclisme ultra-distance : la Race Across France version 2500 kms. Mon maximum étant 1000 kms, autant dire que je pars vers l’inconnu complet ! Vais-je tenir la distance ? Vais-je avoir le mental ? le physique ?
Niveau préparation, c’est bien mais pas top. J’ai environ 4000 kms dans les jambes et une Race Across Paris 1000 kms derrière moi.


Après la Race Across Paris j’ai dû mettre un petit coup d’arrêt suite à une douleur au genou assez forte et persistante. Malgré les consultations et l’IRM… RIEN. Sur la dernière ligne droite j’ai donc enchaîné les cyclosportives (Bicikleta, Marion Clignet) et quelques sorties bien rythmées afin de reprendre un peu de puissance car les longues distances vous transforment en Micheline et vous éloigne du rythme TGV.

Race Across France, J-3

Je prends le train direction Dunkerque pour passer un peu de temps avec ma famille avant de rejoindre Le Touquet. Bon… La SNCF faudra qu’on parle. Vous êtes des gros mauvais avec ceux qui voyagent à vélo !
Dunkerque, ici Dunkerque ! Bienvenue dans le centre de l’univers !

J-2

Tranquilles avec mon père, mon frère et sa petite famille afin de faire le plein de bonnes ondes avant le jour J.

J-1

Arrivé au Touquet, retrait du dossard, check du vélo, dépôts des drops bag puis balade dans le centre-ville. C’est mignon mais incomparable avec Dunkerque.

Mon départ est à 17h21. Ce qui veut dire que l’attente va être longue. Pas tant que ça finalement, j’y retrouve Laurent, un copain du FastClub inscrit aussi sur l’épreuve mais aussi surtout tout le YouTube game de l’ultra. Mieux que Beauval !
17h06, je me présente sur la rampe de départ. 17h15, photo call. 17h20, Fergus, speaker de la course m’appelle. 17h21, c’est parti et je manque de me casser la figure dans la descente de la rampe. Ça commence bien.

La course se découpe en plusieurs points de passage. Le Touquet au km 0, Lille au km 230, Mulhouse au km 1000, Megève au km 1500, St Jean en Royans au km 2000, Guillaume km 2250 et enfin Mandelieu km 2500.

Départ :

La course est partie dans un train d’enfer. Comme j’ai eu la chance d’être né dans le coin, mon frère, ma belle-sœur, ma nièce et mon neveu sont venu me voir à deux endroits, le Cap Blanc nez et Bourbourg pour me soutenir. 

Passage à Cassel sur les lieux du championnat de France 2023 puis arrivé au CP1 de Lille au B-Twin Village.

230 kms

Pour un peu plus de 30km/h de moyenne.

Pause rapide pour remplir les bidons, objectifs Dourlers au km 300 pour faire un bisou à Mathis, le fils de mon pote qui a démarré sa chimiothérapie quelque jours avant le début de la course.

Je repars fort, le terrain plat du Nord m’est favorable. Mais moins les pavés… Au détour d’un virage rapide, je passe sur une portion pavée d’un kilomètre. Moi qui me posais la question de faire le Paris-Roubaix Challenge… en fait non. Au-delà du manque de me ramasser la figure dans l’entrée dans la zone à cause de l’humidité ambiante, j’ai l’impression que le vélo va casser à chaque instant. Aux abords de Le Quesnoy c’est Sabrina, une amie que je n’avais pas vu depuis au moins 10 ans que j’aperçois transperçant le brouillard. Elle est là, à 4h30 du matin pour me voir moins de 5 min.… dingue ! De quoi me redonner la force pour attendre la maison de Lionel et de puiser de la force auprès de Mathis ! Le parcours me faisait aussi passer pile devant la maison de mes ex-beaux-parents…. Selfie !!!! 

Je repars de Dourlers et quitte mon « Nord ». Objectif, aller dormir à Metz.
Je fonce comme un sanglier vers les Ardennes pour arriver dans la Meuse, autour de Verdun et de ces sites historiques de la première guerre mondiale. J’aime bien quand le parcours nous fait faire aussi du tourisme. Ça y est je suis enfin à Metz et rejoint mon hôtel que j’avais réservé 2h plus tôt.

650kms

Après 27h non-stop je me pose enfin pour manger et dormir.

Samedi matin, fidèle à moi-même je rate mon réveil. Il est 5h et je repars. Au moins ça fera des économies de batteries puisqu’il fait déjà jour. La trace jusque dans les Vosges me paraît interminable. Je me languis même des premières vraies bosses alors que je grimpe comme un fer à repasser asthmatique. Ça y est on attaque les Vosges, ascension du rocher de Dabo, puis je file comme un avion sans ailes vers le mont St Odile pour redescendre vers Munster. 

Il fait chaud, très chaud même.
C’est le moment de profiter des partages d’expériences des copains !


1/ Maxime Prieur tips : rouler en maillot d’été manche longue pour éviter les coups de soleil et se charger de crème solaire mais aussi pour se passer les bras sous l’eau fraiche, le maillot garde un bon moment la fraicheur et ça fait beaucoup de bien.


2/ Daniel (le président de mon club de cyclo de Saubens) tips : t’as chaud, tu vois une fontaine, plonges tes pieds dedans… effet fraicheur et sensation de repartir avec des nouveaux pieds garantis !

Ayant sous-estimé les Vosges comme beaucoup d’entre nous j’arrive à Munster vers 22h et il me reste encore le Petit Ballon, le Markstein et le Grand Ballon avant d’arriver au CP2. Je m’engage donc dans le Petit Ballon pour vivre un enfer.

Fatigue, pente raide, mauvais bitume et nuit tombante ont raison de moi. Par 2 fois je dois m’arrêter dans un virage pour m’allonger et dormir 30 minutes.
J’aurais pu partir pour plus longtemps la deuxième fois si un automobiliste ne s’était pas arrêté pensant que j’avais fait un malaise. Mais les belles étoiles sont de jolis moments visuels.

CP2

CCK, Ici CCK, le club de vélo de Kingersheim. Au-temps vous dire que c’est grand luxe ! Un box couvert pour le vélo, tout ce qu’il faut pour recharger les appareils, douches et cantines ! Les bénévoles du club sont aux petits soins et ça fait du bien.


Après une nouvelle sieste d’une heure je repars. Mon objectif est de rejoindre Pontarlier dans la soirée. 21h30 j’arrive à destination et me jette chez Mc Do. J’expérimente pour la première fois le drive à vélo… mais la manager m’autorise (moi et d’autres concurrents) à manger à l’intérieur.
La boite de nuggets, mes burgers avalés et moi repartons à la recherche d’un endroit où dormir. Ce sera cet abris bus en bois totalement couvert. Un vrai 4 étoiles. 

Après quelques heures de repos je repars pour en terminer avec le Jura et attaquer les Alpes. Il fait toujours aussi chaud et je suis obligé de m’arrêter régulièrement pour prendre à boire. J’ai la consommation d’une Ferrari en sortie de péage. Je m’approchais du col du Chat quand soudainement j’aperçois sur le bord du chemin et en plein jour le chevalier de la nuit, Richard Jeanjean ! Richard est un ami rencontré sur le BikingMan Corsica 2022 et membre du FastClub qui a gagné son surnom de NightKnight car il vélotaf de nuit toute l’année. C’est toujours agréable de croiser des copains même pour 5 minutes et même si je ne suis pas très loquace.


Le col du Chat passé on peut s’engouffrer pour de vrai dans,

Les massifs alpins

Je retrouve Jacques, un concurrent avec qui j’avais déjà partagé un bout de route du côté des Vosges. Jacques est le cycliste sans défaut, il est à l’aise sur tous les terrains avec un mental d’acier. Nous roulons ensemble jusqu’à Faverges et nous arrêtons aux alentours des 23h place de l’hôtel de ville sur un banc pour dormir. 


4h du matin, une grosse journée m’attend en plus des cols « inconnus » il va falloir passer le Grand Bornand, la Colombière, Megève, les Saisies, la Madeleine et le Chaussy avant une pause bien méritée à St-Jean-de-Maurienne. J’avais prévu de me reposer dans un abribus à St Jean de Maurienne mais c’était sans compter sur Christophe, une autre belle rencontre de cette RAF avec qui nous avons partagé un bout de nuit chez l’habitant. Christophe fait partie de la race des aventuriers philosophes, toujours le bon mot et toujours aller de l’avant. 

1700 kms

Je suis au matin du 28 juin, gravi 25000 m de dénivelé positif en un peu plus de 5 jours et il me reste 800 kms et 15000 m de dénivelé positif à parcourir. Christophe et moi nous séparons dans l’ascension du col Mollard. Petite descente rapide et me voilà dans la Croix de Fer. Le paysage est splendide. Depuis quelques jours je commence à me prendre pour un grimpeur. Je suis à l’aise, je monte avec un bon rythme à se demander si un 8% alpestre ne sera pas plus facile qu’un 8% pyrénéen ! La descente de la Croix de Fer est juste magnifique avec la vue sur le lac de Grand Maison.


Mais pas le temps de trainer, ce soir j’ai rendez-vous avec un lit de camp au CP3 de St-Jean-de-Royans. Le passage dans le Vercors est splendide, leurs automobilistes le sont moins. L’ascension vers Lans-en-Vercors n’est pas le plus paisible, une vraie autoroute mais ensuite jusque St-jean-en-Royans… c’est cadeau…j’en prends plein les yeux. Juste ce qu’il faut pour se remettre en tête qu’en plus d’une course, c’est aussi un aventure et l’opportunité de traverser le plus beau pays du monde. Arrivé au CP3 je prends le temps de prendre une douche, de manger et de dormir au chaud sur un lit de camp. Je vais devoir attaquer les 500 derniers kilomètres avec une météo qui s’annonce compliquée. 

Il me reste 570 kms et 11000 m de dénivelé à couvrir.

5 heures du matin, je repars avec pour objectif finir. Mais c’était sans compter la course contre l’orage. À l’abord de Gap et en direction de Barcelonnette, je me retrouve encerclé par les orages. Ça claque dans tous les sens mais il ne pleut pas donc j’avance jusqu’au moment où la pluie puis la grêle s’abattent sur mon dos. J’arrive à me réfugier dans un abris-bus où se trouve déjà Remi, un autre concurrent de la course. On attend sagement, mettons les tenues de pluie et recevons un SMS de l’organisation .

Course neutralisé jusque demain 7h

Nous sommes à 5 kms du village de Lauzet-Ubaye, mon épouse nous à trouver une chambre d’hôtel donc GO !!! Arrivé sur place nous nous retrouvons dans un hôtel-restaurant qui est dans son jus depuis les années 80 mais c’est propre.

Nous sommes rejoints par 3 autres concurrents que j’ai régulièrement croisé depuis le départ et nous décidons de passer la soirée ensemble. 1 bière, 2 bières… resto, je suis refait. La météo du lendemain ne s’annonce pas encore bonne, nous décidons donc de repartir ensemble à 7h de passer ensemble le col de la Cayolle et de descendre ensemble jusqu’au CP4 de Guillaume histoire de veiller les uns sur les autres. Ascensions de La Cayolle sous la pluie et descentes sous la pluie… je suis frigorifiée.

Au détour d’un village je m’arrête dans une boulangerie prendre à manger et boire un café. La boulangère ayant pitié de moi m’a fait m’assoir dans l’arrière-boutique à côté de son four à pain pour me sécher et surtout me réchauffer !


J’arrive au CP4 de Guillaumes où m’attends… Guillaume !!! Mon pote de Marseille a fait 3h30 de route pour venir voir une loque frigorifiée sous une couverture de survie et qui aligne à peine 2 mots en train de boire sa soupe et son coca ! Un beau tableau mais c’était cool de l’avoir près de moi !

Il me reste 300 kms

On est vendredi, il est 13h, j’ai mon bus de retour pour Toulouse le lendemain à 10h. J’attaque le sprint final, je dois finir aujourd’hui… cette nuit.
La sortie de Guillaumes est très jolie, on passe dans des espèces de gorges et traversons des tunnels creusés à même la roche pour arriver à Entrevaux. Virage à droite et on attaque le col de Félines, le premier kilomètre est costaud mais ça passe. On redescend et on enchaine… Sur le BikingMan Euskadi, son petit était Bagargui. Sur la RAF il s’appelle col du Buis. Mais quelle saloperie celui-là !!! 4 kms avec des passages à plus de 17%, après 2300 kms…

Une fois passée cette purge, je pars direction les gorges du Verdon. Nouvelle claque visuelle mais j’y laisse une partie de mon moral. Physiquement ça tient, je rattrape même beaucoup de concurrents engagés sur les 1000 kms. 

Et quand ça ne va pas, je sors l’arme magique ! Mon téléphone et appelle ceux qui je suis sûr auront les mots. Ils et elles se reconnaitront.

21h

Il est temps de manger. Je m’arrête dans le village de Tourtour. Petit village provençal avec place central rempli de restaurants et d’un groupe jouant de la musique. Un gout de vacances. Pause terrasse avec un croque qui m’a fait un bien fou. Même si à partir d’ici il y a plus de dénivelé négatif que positif, il me reste encore 115 kms et 2500m de dénivelé positif. Je passe en mode autiste, je pose le cerveau, mets de la bonne grosse techno qui date du début de ce siècle dans les oreilles, ta gueule et pédale !

Ça monte, ça descend, ça monte, ça descend c’est non-stop, je rattrape encore des concurrents sur leur vélo ou sur le bas-côté en train de dormir. Je vois sur mon compteur les kilomètres restant diminuer de plus en plus. 70kms, 50kms, 30kms, 15kms. A ce moment je me dis que Mandelieu est à portée de mains et que ça va être l’heure de profiter et de se faire une première rétrospective. Pas du tout : à 5kms tu es encore dans un col et tu enchaines sur une descente très raide qui t’emmène directement sur la ligne d’arrivée.

Samedi 1er juillet

Il est 3h30 du matin et j’ai terminé la Race Across France 2500kms.

Quand j’avais terminé le BikingMan Euskadi il y a 2 ans déjà, c’était pour moi un accomplissement et je ne savais pas encore que l’Ultracyclisme allait devenir une partie intégrante de mon équilibre de vie. Je vais donc juste compléter la conclusion de mon récit du BikigMan Euskadi :

Voilà, c’était le récit d’un gars qui, il y a 4 ans, faisait 120kgs et était perdu.
Voilà, c’était le récit d’un gars qui, il y a 3 ans, grimpait le premier col de sa vie à vélo.
Voilà, c’était le récit d’un gars qui, il y a 2 ans, étais devenu un BikingMan.
Voilà, c’était le récit d’un gars qui, il y a quelques semaines, bouclait la RAF 2500 kms
Voilà, c’était le récit d’un gars qui sait que maintenant tout est possible et qui rêve de challenges encore plus grand !

Merci, à mon épouse qui m’accompagne et me soutient car mes sacrifices sont aussi les siens. A Antoine mon fils qui j’espère sera fier de son papa.
Merci à Marie, ma nièce qui est venu à la maison pour aider Cléanthy et passer du temps avec son p’tit cousin. A ma famille, mes amis, tout ceux qui m’ont accompagné et soutenu. Les copains du club de Saubens SC31 et bien sûr cette bande de débiles du FastClub. 

A bientôt pour le prochain challenge ! 

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