RACE ACROSS PARIS by Thomas of the Place

Voici Thomas qui nous fait un retour sur la Race Across Paris! Vous savez ce sentiment qu’on a quand on lit un résumé de course : on souffre avec le coureur, on a de la compassion et de l’admiration pour lui. Dans ce résumé rien de tout ça, on se marre et on se dit que ça doit être sympa d’être dans sa tête ! On te félicite, car nous ne doutons pas de l’investissement et de la volonté que tu as mis pour boucler ces 1000km !

Départ

Ça y est, nous sommes le mercredi 19 avril, château de Chantilly, il est 22h30 et je prends le départ de la Rase Across Paris 1000 kms !

A mon grand regret pas de Bikingman cette année. J’ai besoin de valider des épreuves “Race Across” pour pouvoir m’inscrire à la Race Across America pour 2024. 

Ici le départ se fait en mode contre la montre toutes les minutes me basculant mentalement en mode compétition et non aventure. Le profil plutôt léger en dénivelé (“seulement” 10 000 mètres) me fait  penser que c’est un parcours plutôt en ma faveur. Ca part fort, j’ai une personne devant moi à une minute que je dois reprendre et une derrière moi à une minute qui ne doit pas me reprendre. De nuit on voit les lumières des coureurs devant ce qui force à rouler plus fort et oublier toutes notions de gestion et qu’on a 1000 bornes à faire.

Rouler la nuit reste un exercice que je n’apprécie pas particulièrement, on ne profite pas vraiment du paysage et il faut être plus vigilant. De nature plutôt serein et en pleine phase avec une de règle de mon club :

“Ta gueule et pédale”

Je suis inhabituellement nerveux. Dans les coups de culs je me lève, je relance, je mets des watts je commence à rattraper des concurrents. J’essaie de dire un petit mot, déconner un peu mais on ne me répond pas. Soit j’ai vraiment un humour de merde ou c’est la région parisienne qui a un effet sur les gens. Je vote sur un peu des deux !

Ca y est je commence aussi à me faire reprendre. Moi qui pensais envoyer, les plus rapides m’ont bien calmé. Dans le lot Eric Leblacher, vainqueur de l’épreuve l’année dernière, et Benoit Bigot, un gars avec un style improbable qui roule en fixie. Avant le départ, pour moi c’était mon top 2 pour le général.

250 KM

Au petit matin, juste après un virage en descente sans difficulté je suis stoppé net par la police et des pompiers. Bien évidement je pense à un accident de la route mais pas à retrouver Eric Leblacher au sol, son vélo 70 mètres plus loin en train d’hurler dès que les pompiers le touchent.

Je prends le temps de passer un message à l’organisation et étant inutile je repars. Plus tard j’apprendrai qu’il est tombé en voulant éviter une bête qui traversait la route. Résultat : fracture de l’omoplate.

300 KM

Maintenant l’objectif c’est Fontainebleau, petit déjeuner ! Ca y est ! Je passe devant le château et m’arrête à la première boulangerie. Je regarde mon compteur : 28km/h de moyenne. Ok c’est parti fort mais à partir de maintenant et jusque la fin de la première boucle, c’est vent de face et pas une petite brise !

Café, eau gazeuse, flan, saucisson et c’est reparti.

J’aimerai arriver avant 19h au CP1 (km 500). Quand tout le monde dit qu’un ultra c’est 40% physique, 60% mental… c’est pas faux ! J’ai beaucoup pensé à Richard notre chevalier de la nuit du Fastclub sur ces 200 kms finaux de la première boucle.

Je ne compte pas le nombre de fois au j’ai pu gueuler le fameux “FAIT CHIER !!!”.

Et justement, face au vent, ce n’est pas Bob Maurane qui a abandonné mais Benoit Bigot par fracture de mental à cause du vent. Comme quoi… rien n’est jamais établi sur ce type d’épreuve.

500 KM

Finalement à la force des jambes et du mental j’arrive à Chantilly à 20h30. Je suis à mi-parcours, j’ai mis 22h, je pointe à la 14ème place… c’est pas mal mais j’en suis encore qu’à la moitié. Je mange, je recharge mes appareils, je me douche et file dormir sur les lit de camps mis à disposition sur le CP.

Allez, je dors 3h pas plus et je repars… 5h plus tard je me réveille en panique, vous savez comme dans “4 mariages et un enterrement” : merde merde merde merde !!!!!

C’est reparti, une boucle de 200 kms à l’Est pour revenir sur Chantilly. Petit check sur le traqueur, 12 ème. Dans ce genre d’épreuve, j’aime bien découper les distances mentalement afin d’avancer de petite victoire en petite victoire.

Objectif Km 600

Château-Thierry. Je n’ai ni vu de château ni croisé un Thierry mais j’y ai trouvé une bonne boulangerie. Une chocolatine, un canelet, un café, une eau gazeuse et go ! Retour à Chantilly. Si je peux y être pour 11h cela me laissera le temps de faire une bonne pause repas. 12h30 j’arrive à Chantilly, c’est plutôt rare quand un plan se déroule sans accroc. Je mange rapidement et repars aussi tôt… plus que 300 et puis j’ai rendez-vous avec la tour Eiffel.

Les appels et les messages sur mon téléphone s’enchaînent.

Ma femme, pour une petite visio avec elle et mon gamin.

Mon frère, systématiquement pour prendre des nouvelles sur mon état de forme sans se soucier d’un quelconque classement.

Guillaume, mon pansement mental ou mon Mars je n’ai pas encore choisi.

Jean-Marc, pour mon classement au général et dans ma catégorie et me dire que je suis peut-être en train de faire un gros truc et enfin

Clément pour m’insulter et me dire que j’ai intérêt à entrer dans le top 10 et finir avant minuit ! Au final un bon cocktail pour me faire éliminer car c’est la meilleure des assistances !

Paris

Ici Paris ! Quelle idée d’arriver aux portes de Paris à 18h, un vendredi de départ en vacances. Pour moi ça été le plus dur mentalement, concentration extrême, s’en est même dangereux.

C’est un miracle d’arriver en haut de Montmartre sans encombre et sans avoir aussi renversé un touriste. Je redescends, direction Châtelet où je retrouve un ami le temps d’un bisou et d’un kebab. Enfin la tour Eiffel ! Petit selfie et story Insta et c’est reparti.

C’est le moment pour ma chère et tendre me m’envoyer un si beau message: “plutôt que de prendre des selfies et de faire des stories tu ferais mieux de rouler car tu es 12ème, le 11ème est pas loin devant mais le 13ème n’est pas loin derrière, alors bouge !!!” Je me remets donc au boulot. Il me reste encore 180 kms.

Dans les différentes bosses amenant sur Versailles, une douleur au genou droit pointe son nez et ne me lâchera plus jusqu’à la fin.

Dernière nuit

La nuit tombe, c’est reparti pour l’obscurité. Décidément je n’aime vraiment pas ça. On ne lâche rien, on avance et je repense à cette fameuse question métaphysique : est ce que 10 poules peuvent battre un renard si elles l’attaquent ? 22h, 23h, j’ai faim ! Je veux des bonbons… Le côté positif de cette région, c’est le nombre de supérette 24/24 ! Orgie de rouleaux de réglisse et de Dragibus !!! Mon comfort’food du moment. 

De nuit les kilomètres défilent et se ressemblent.  C’est les 70 derniers kilomètres et il est 5h, j’en ai marre. En fait je m’ennuie, la monotonie du paysage, le temps passé à rouler de nuit ont raison de moi. Petit check sur le traqueur, la 11 ème place est assurée sans pouvoir aller chercher la 10 ème.  En réalité le concurrent devant moi était parti 28 minutes avant moi et je suis arrivé 30 minutes après lui. J’ai raté la 10eme place pour 2 min ! Chantilly en approche. 

Ca y est c’est l’arrivée !

Il est 6h30. Je suis accueilli sur la ligne d’arrivée par Arnaud Manzanini. Retour à la base de vie et je m’assoie sur une chaise pour retirer mes chaussures  et me réveille 2h plus tard…

Au final, la Race Across Paris est une course que je ne referai pas. J’ai besoin de belles destinations, de beaux paysages, d’une belle trace et d’émotions. En revanche contrairement à ce que j’avais pu entendre, l’organisation est bonne et professionnelle. Son fondateur est accessible et vient à notre rencontre, même s’il ramène tout à son expérience sur la RAAM. S’il savait que je prévois d’aller y péter son record l’année prochaine.

Rendez-vous maintenant en juin pour la RAF !

Merci au Fastclub, vous êtes un club de joyeux fou-furieux et provocateur de belles rencontres.

Merci à ma famille et les amis qui sont toujours là pour me soutenir.

Merci à mes collègues d’Aprium pharmacie qui ont suivi l’épreuve et pour le plaisir de voir tout les messages de soutiens sur mon téléphone professionnel à mon retour à la maison. 

Et grand merci et je t’aime à Cléanthy ma chérie et mon fils Antoine qui êtes ma motivation. 

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